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Cardinal CzernyLa religion peut démontrer l'unité que la guerre tend à détruire".

L'envoyé spécial du pape François en Ukraine, le cardinal Czerny, est rentré à Rome le vendredi 11 mars. Dans cet entretien avec Omnes, il a pu revenir sur les trois jours au cours desquels il a tenté de "porter à la connaissance des gens l'attention, les espoirs, les angoisses et l'engagement actif du Pape dans la recherche de la paix".

David Fernández Alonso-13 mars 2022-Temps de lecture : 3 minutes
czerny ukraine

Photo : ©2022 Catholic News Service / Conférence des évêques catholiques des États-Unis.

L'envoyé spécial du pape François, le cardinal Michael Czerny, a passé trois jours dans une Ukraine déchirée par la guerre. "Le mien, a expliqué le préfet ad interim du Dicastère pour le service du développement humain intégral, est un parcours de prière, de prophétie et de dénonciation. Je quitte Rome le 8 mars pour Budapest et je continuerai à rencontrer les réfugiés et les personnes déplacées, ainsi que ceux qui les accueillent et les aident". Il est rentré à Rome le vendredi 11 mars, jour où il accorde cette interview à Omnes pour raconter ses impressions.

Vous avez été envoyé dans cette "mission spéciale" en Ukraine sur ordre du Pape pendant plusieurs jours, quelles ont été vos impressions et comment avez-vous vu la situation de là-bas ?

-Au cours de ces trois jours de mission, j'ai été en contact avec des situations différentes, mais toutes avaient en commun la douleur : des mères célibataires avec leurs enfants sans mari, des personnes âgées obligées de se déplacer même s'il leur est difficile de marcher ; des enfants, beaucoup d'enfants ; des étudiants d'Asie et d'Afrique évacués du jour au lendemain, obligés de geler leurs études. J'ai pu réfléchir à la différence entre la guerre vécue à travers les médias et la guerre transmise par la souffrance des gens. Cette dernière est une douleur qui va directement à l'estomac et au cœur. Et aussi comment ce conflit cause d'énormes dommages à un monde qui connaissait déjà des conditions de vulnérabilité dues à la pandémie et à la crise environnementale.

Votre intention était, avant tout, de rapprocher le Pape des chrétiens. Comment avez-vous réussi à transmettre cela ?

-Ce que le Saint-Père a dit lors de l'Angélus au cours duquel il a annoncé ma mission et celle du cardinal Konrad Krajewski correspondait exactement au but de la mission : porter à la connaissance du peuple l'attention, les espoirs, les angoisses et l'engagement actif du Pape dans la recherche de la paix. J'ai essayé d'atteindre cet objectif, tout d'abord, par ce que j'appelle le "sacrement de la présence", c'est-à-dire en étant physiquement présent dans les lieux de douleur, qui, à Budapest, étaient des gares, des centres d'accueil, des paroisses. Parfois, les mots ne sont pas nécessaires. Par exemple, le dernier jour en Hongrie, j'ai rencontré des femmes de Kiev et d'autres villes ukrainiennes : il m'a suffi d'écouter leurs histoires, de les assurer de mes prières et de leur donner une bénédiction pour leur apporter un réconfort évident.

J'ai essayé d'atteindre cet objectif par ce que j'appelle le "sacrement de la présence", en me rendant physiquement sur les lieux de la douleur.

Cardinal Michael CzernyPréfet ad interim du Dicastère pour le service du développement humain intégral

Pouvait-il également apporter une aide matérielle comme il le souhaitait ?

En Hongrie et lors de mon séjour en Ukraine mercredi dernier, j'ai pu apporter une aide matérielle et spirituelle.

L'accompagnement spirituel des chrétiens est-il garanti, malgré les difficultés ?

-Absolument, et c'est l'une des choses qui m'a le plus frappé pendant le voyage. Pour voir une Église qui "sort" vraiment, comme le souhaite le Saint-Père. Les prêtres, même ceux des églises orientales avec leurs familles, qui ne quittent pas le territoire pour être proches des gens. Ou encore des communautés comme Sant'Egidio qui, outre la création d'un refuge dans la paroisse, ont le souci d'organiser des initiatives de prière avec les réfugiés qu'elles accueillent. Ou encore le Service jésuite des réfugiés, qui propose des formations aux bénévoles afin qu'ils puissent mieux répondre aux besoins réels des personnes qui fuient. Il s'agit d'un travail important et il est bon de voir que non seulement l'Église catholique mais aussi toutes les autres dénominations s'y emploient.

Quel rôle la religion joue-t-elle dans le conflit ?

-La religion peut démontrer l'unité que la guerre tend à détruire. Par exemple, lors de ma visite dans le village de Beregove, dans l'ouest de l'Ukraine, j'ai été très impressionné de voir des catholiques de rite latin, des catholiques grecs, des protestants, des réformés, des juifs, se rassembler pour partager le travail de l'urgence pour les réfugiés. Une énorme urgence qui ne peut être abordée qu'ensemble. "Il n'y a pas de distinctions, nous sommes tous le bon Samaritain appelé à aider les autres maintenant", a déclaré un pasteur lors de ce dialogue très franc et fraternel. Cela m'a réconforté, c'est vraiment le signe d'une Église vivante.

Comment voyez-vous l'avenir de la guerre ?

-La guerre n'a pas d'avenir, en fait elle est la destruction de tout l'avenir. Nous devons apprendre une autre façon de résoudre les conflits et les tensions. J'espère en ce bon Dieu qui met le sort du monde entre de pauvres mains humaines.

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