Après plusieurs mois de travail impliquant des experts de diverses disciplines, de la pédagogie à la philosophie, du droit à la didactique, la Congrégation pour l'éducation catholique a préparé un document visant à offrir quelques lignes directrices sur la "question du genre" dans l'éducation, intitulé Il les créa mâle et femelle.
Le texte montre toute l'actualité du sujet, et ne s'adresse pas seulement aux institutions d'enseignement catholique, mais veut aussi entrer dans "en dialogue également avec toutes les réalités qui ont trait à la formation des jeunes. Cependant, il réitère la différence et la réciprocité naturelle de l'homme et de la femme comme base anthropologique de la famille.
Dans une interview accordée à Palabra, le secrétaire de la Congrégation pour l'éducation catholique, l'archevêque Angelo Vincenzo Zani, offre quelques pistes pour comprendre les orientations, en encadrant également les raisons du dialogue avec la culture moderne.
Excellence, qu'est-ce que la Congrégation attend de ce document ?
Le document s'inscrit dans la lignée de toute une série d'orientations publiées par la Congrégation pour l'éducation catholique depuis le concile Vatican II jusqu'à aujourd'hui, dans le but d'offrir un éclairage et des lignes directrices pour l'éducation. La réflexion de ce document se place dans l'horizon plus large d'une "urgence éducative" générale, qui émerge d'une société de plus en plus dépourvue de valeurs communes et soumise à de nouveaux défis. Cet aspect culturel semble déjà impliquer à la fois les jeunes en formation et les adultes qui ont une responsabilité éducative. Cette émergence dénote - pour reprendre les termes de Benoît XVI - une authentique "déficience anthropologique".qui tend à nous faire oublier que la personne humaine "est un être intégral et non une somme d'éléments que l'on peut isoler et manipuler à sa guise".. La Congrégation espère que ce document pourra aider à aborder la question complexe du genre dans l'éducation.
-Pourquoi partez-vous à ce moment précis ?
Au cours de la dernière décennie, les évêques ont été de plus en plus attentifs à la "question du genre", en adressant à la Congrégation pour l'éducation catholique des demandes concernant les nombreuses écoles et universités catholiques. Au cours des travaux de l'assemblée plénière de la Congrégation, qui s'est tenue en février 2017, l'émergence de la idéologie du genre La décision a été prise d'intervenir avec un document sur ce sujet délicat pour aider ceux qui tiennent à l'enseignement catholique.
A cet égard, un agenda de travail a été élaboré avec la collaboration d'experts des différentes disciplines (pédagogie, sciences de l'éducation, philosophie, droit, didactique, etc.)...) afin d'élaborer un projet de texte, dans lequel on pourrait partager quelques réflexions et orientations qui, tout en partant de la substance du débat sur la sexualité humaine, indiqueraient principalement le méthode d'intervention des personnes impliquées dans l'éducation des nouvelles générations. Il s'agit ainsi de dépasser toute opposition polémique non concluante.
-Pourquoi pensez-vous qu'il est important de le faire ?
Face à une profonde crise de l'affectivité qui détermine les "la désorientation anthropologique qui caractérise largement le climat culturel de notre époque". (n. 1), le document invite à assumer une attitude de l'écoute, de réflexion et proposition. Dans ce contexte, il était nécessaire de présenter un bref itinéraire historique pour reconstruire le parcours des tendances visant à annuler les différences entre hommes et femmes, considérées comme de simples effets d'un conditionnement historico-culturel. L'"idéologie du genre", en effet " nie la différence et la réciprocité naturelle de l'homme et de la femme. Il présente une société sans différences entre les sexes, et vide le fondement anthropologique de la famille".comme l'explique également le pape François dans Amoris laetitia. Cette idéologie, en effet, "conduit à des projets éducatifs et des orientations législatives qui promeuvent une identité personnelle et une intimité affective radicalement détachées de la diversité biologique entre les hommes et les femmes".poursuit le pape. Ainsi, "l'identité humaine est déterminée par un choix individualiste, qui change également avec le temps". L'identification des points critiques est donc importante pour la récupération d'une anthropologie intégrale qui sert de base à une éducation complète.
L'un des mots clés est le dialogue avec la culture moderne. Comment conciliez-vous cela avec l'identité de l'enseignement catholique ?
Nous ne pouvons pas nier certains éléments qui peuvent raisonnablement être partagés, liés au sujet traité : de la lutte contre toute discrimination injuste à l'égale dignité des hommes et des femmes, du respect de chaque condition particulière des personnes à la défense contre les formes de violence et de marginalisation fondées sur l'orientation sexuelle, du rôle et de la valeur de la féminité à la reconnaissance cordiale des formes affectives, culturelles et spirituelles de la maternité.
L'Église se tourne vers le "le genre dans l'éducation"Le souhait du Conseil d'une coexistence sociale qui, comme le Conseil l'avait déjà demandé, devient de plus en plus... "respecter la dignité, la liberté et les droits des personnes".. Et c'est précisément dans la perspective de cet engagement commun que l'Église souhaite non seulement ouvrir une voie de dialogue, mais aussi ouvrir un espace de dialogue avec les institutions culturelles, sociales et politiques et avec toutes les personnes, y compris celles qui ne partagent pas la foi chrétienne, mais qui ne la partagent pas. "cultiver les biens éclairés de l'esprit humain".comme l'indique Gaudium et Spes.
Ne prenez-vous pas des risques en adoptant cette attitude "dialogique" ?
L'Église participe à ce dialogue avec la conviction que chaque interlocuteur a quelque chose de bon à dire et qu'il est donc nécessaire de faire place à son point de vue, à son opinion, à ses propositions, sans bien sûr tomber dans le relativisme. Mais le dialogue ne signifie pas la perte de sa propre identité. Le dialogue est une écoute, mais c'est aussi une proposition. C'est pourquoi le document ne recule pas devant la présentation de l'anthropologie chrétienne. C'est pourquoi il se rattache au texte précédent Directives éducatives sur l'amour humain, publié par la Congrégation en 1983. Elle propose à nouveau la vision anthropologique chrétienne qui considère la sexualité comme une composante substantielle de la personnalité, une manière d'être, de s'exprimer, de communiquer avec les autres, de ressentir, d'exprimer et de vivre l'amour humain. Elle fait donc partie intégrante du développement de la personnalité et de son processus éducatif. Dans un autre document de la Congrégation, Personne humaine 1975, nous lisons également que "En effet, c'est dans le sexe que résident les traits caractéristiques qui constituent les personnes en tant qu'hommes et femmes sur les plans biologique, psychologique et spirituel, et jouent ainsi un rôle majeur dans leur évolution individuelle et dans leur intégration dans la société".
-Est-il prévu de vérifier la réception de ces indications dans la communauté ecclésiale à court et à long terme ?
Bien sûr. Comme nous le lisons au point 7, le texte est confié à ceux qui valorisent l'éducation, en particulier aux communautés éducatives des écoles catholiques et à ceux qui, animés par une vision chrétienne de la vie, opèrent dans d'autres écoles, aux parents, aux élèves, aux responsables et au personnel, ainsi qu'aux évêques, aux instituts religieux, aux mouvements, aux associations de fidèles et aux autres organismes du secteur.
Une exigence commune dans le défi formatif actuel est de reconstruire une nouvelle "alliance éducative entre la famille, l'école et la société". (n. 44) qui - comme le pape François l'a répété à plusieurs reprises et comme cela est déjà largement reconnu - est entrée en crise : "Une alliance substantielle et non bureaucratique, qui harmonise, dans le projet commun d'une éducation sexuelle positive et prudente, la responsabilité première des parents avec la tâche des enseignants". (n. 45).
La Congrégation pour l'éducation catholique, dans le cadre de ses compétences, est en contact permanent avec les évêques et les ordres religieux ayant un charisme éducatif, ainsi qu'avec les organisations internationales du secteur. En outre, elle promeut également des réunions spécifiques, telles que des congrès mondiaux et d'autres conférences thématiques au niveau continental. Dans le cadre de ces relations, il y aura sans doute des contrôles sur la réception du document.