La récente hospitalisation du Pape a suscité un niveau attendu de spéculation et de débat dans différents secteurs de l'opinion publique. Au-delà des inquiétudes sur son état de santé, toutes sortes de rumeurs et de théories ont vu le jour, obligeant le Vatican à faire preuve d'une grande prudence en matière de communication.
Une preuve de vie
L'un des aspects les plus commentés a été la décision du Vatican de publier, le 6 mars, un enregistrement audio du pape au lieu d'une image. Beaucoup ont été surpris par cette stratégie, d'autant plus que le Saint-Père a été vu dans un état de santé très faible. La raison en est certainement la pression médiatique pour offrir une "preuve de vie", puisque dans certains forums il a été suggéré que le Pape était mort quelques jours auparavant et que le Saint-Siège le cachait... Quelque chose d'assez invraisemblable mais qui a fait son chemin dans plus d'un cercle d'opinion.
Les médias sociaux sont devenus un terrain propice à toutes sortes de théories, les utilisateurs et les commentateurs remettant en question la transparence des informations officielles. La décision de publier un audio plutôt qu'une image n'a fait qu'alimenter les spéculations sur l'état de santé du pape, laissant entendre que son apparence pouvait être si détériorée qu'il était préférable de ne pas la montrer, même si le contenu de l'audio a également suscité des inquiétudes. À cet égard, il suffit de rappeler les récentes images du Souverain Pontife au visage visiblement tuméfié lors de sa dernière audience générale, deux jours seulement avant son admission à l'hôpital.
À cet égard, bien que certains aient souligné qu'il y avait effectivement des images de Jean-Paul II en convalescence dans divers hôpitaux, il convient de noter qu'il n'y en avait pas dans les dernières semaines de sa vie. En effet, en 1996, le pape polonais a établi la constitution apostolique Universi Dominici Gregisqui stipule dans son article 30 qu'il est interdit de photographier le pape lorsqu'il est malade. Bien sûr, cela n'empêche pas un pape d'en décider autrement dans son cas, la règle générale reflète la discrétion habituelle qui est souhaitable lorsqu'on est malade.
Une maladie grave
Après trois semaines d'hospitalisation, rares sont ceux qui doutent que la santé du Pape, s'il parvient à se sortir de cette situation, s'en trouvera fortement diminuée. Et ce, malgré la surprenante publicité le 11 mars, ce qui lui a permis de poursuivre sa rééducation en dehors de l'hôpital. Tout au long de son séjour à Gemelli, les rapports médicaux ont décrit son état comme "critique" à plusieurs reprises, bien qu'il ait réussi à rester stable au cours de la semaine dernière. Toutefois, les médecins sont restés extrêmement prudents et n'ont pas donné de pronostic clair sur l'évolution de son état.
Il est significatif que les médecins consultés par la presse pour analyser l'état de santé du Pape ne soient pas très optimistes quant à sa capacité à retourner au Vatican et à reprendre une vie plus ou moins normale. Il s'agit d'une personne dont le mode de vie est tout à fait inhabituel par rapport à celui de toute autre personne de son âge et de son état de santé.
Du côté du Vatican, la discrétion est compréhensible : un pronostic hâtif pourrait accroître les pressions en faveur de la démission du pape, ce qui déclencherait à son tour toute une série de rumeurs sur un éventuel conclave. La simple possibilité d'une succession papale déclencherait toutes sortes de mouvements internes au sein de l'Église et des pressions externes de la part de divers milieux intéressés par le choix du prochain pontife.
Onction des malades
Un détail qui n'a guère été commenté est l'absence d'information sur la question de savoir si le pape a reçu l'onction des malades. François lui-même a expliqué dans une catéchèse l'année dernière que ce sacrement n'est pas exclusivement destiné aux personnes sur leur lit de mort, mais qu'il doit également être administré aux personnes âgées ou gravement malades. La question de savoir si le pape François a reçu le sacrement aurait pu être l'occasion d'une catéchèse sur l'importance de sa réception et ses effets sur la vie chrétienne.
Le pape aura certainement reçu ce sacrement, mais le Vatican est une fois de plus pris entre le marteau et l'enclume, car le fait de l'annoncer déclencherait des spéculations sur la gravité de son état de santé.
Le droit d'être malade en paix
Au-delà de sa situation médicale, il est essentiel de rappeler que le Pape, comme tout être humain, a le droit de vivre le processus de la maladie - a fortiori s'il s'agit d'une maladie qui l'affaiblit jusqu'à la mort - avec sérénité et sans la pression médiatique et politique qui l'entoure inévitablement.
Bien que son état soit délicat, il mérite le temps et le réconfort nécessaires pour affronter ses derniers jours, semaines ou mois avec la dignité qui leur est due. Ses prédécesseurs, saint Jean-Paul II et Benoît XVI, ont eux aussi vécu leur maladie publiquement, comme un témoignage de foi et d'espérance. François, dans son propre style, a également le droit de donner une catéchèse sur la maladie et la souffrance, laissant un héritage à cet égard, quel que soit le temps qu'il lui reste à vivre dans son ministère.
Les analyses de l'hypothétique conclave et des papables sont particulièrement indélicates. En ce moment, au-delà des spéculations et des tensions à l'intérieur et à l'extérieur de l'Église, le plus important est que les catholiques l'accompagnent de leurs prières pour que Dieu le réconforte et fasse ce qu'il y a de mieux pour l'Église. Le 13 mars marque le douzième anniversaire de son accession au trône papal, une occasion supplémentaire de prier pour lui.