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Francis au Conseil de sécurité de l'ONU : "nous sommes en train de reculer dans l'histoire".

Le pape François a averti les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies - la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis d'Amérique - que l'humanité traverse "un moment crucial" et que "nous sommes en train de reculer dans l'histoire". Par l'intermédiaire de l'archevêque Paul R. Gallagher, le souverain pontife les exhorte à "rechercher le bien de l'humanité".

Francisco Otamendi-15 juin 2023-Temps de lecture : 4 minutes

L'archevêque Gallagher lit le message du pape François à l'ONU ©CNS screengrab/Courtesy United Nations

Le message du pape François, qui subit un traitement post-opératoire à la polyclinique Gemelli de Rome, a été lu lors de la réunion de l'Assemblée générale des Nations unies. Conseil de sécurité des Nations uniesLa réunion était présidée par le secrétaire pour les relations avec les États et les organisations internationales du Saint-Siège, l'archevêque britannique Paul Richard Gallagher.

Dans l'en-tête, le Pape s'est adressé au Secrétaire Général ainsi qu'à l'Assemblée Générale. Grand Imam d'Al-Azhar.

Devant les représentants de cinq des pays les plus puissants du monde (Chine, France, Russie, Royaume-Uni et États-Unis d'Amérique), membres permanents de l'Assemblée parlementaire de l'Union européenne (UE), le Conseil de l'Europe s'est réuni pour la première fois. Le Conseilet les dix pays non permanents, dont les Émirats arabes unis, le Brésil, le Japon et la Suisse, le pape François a évoqué le "moment crucial" que traverse l'humanité.

"La paix semble succomber à la guerre", et "nous sommes à nouveau en train de reculer dans l'histoire, avec la montée de nationalismes fermés, exaspérés, rancuniers et agressifs, qui ont déclenché des conflits non seulement anachroniques et dépassés, mais encore plus violents", a dénoncé le Pape.

"La troisième guerre mondiale en pièces détachées

"Les conflits se multiplient et la stabilité est de plus en plus menacée. Nous vivons une troisième guerre mondiale en morceaux qui, plus le temps passe, plus elle semble s'étendre", a déclaré le Saint-Père dans son discours. Le Conseil de sécurité de l'ONU lui-même, dont le mandat est d'assurer la sécurité et la paix dans le monde, "semble parfois impuissant et paralysé aux yeux des gens", a diagnostiqué François. 

"Mais votre travail, apprécié par le Saint-Siège, est essentiel pour la promotion de la paix, et c'est pour cette raison que je voudrais vous inviter, du fond du cœur, à affronter les problèmes communs en vous éloignant des idéologies et des particularismes, des visions et des intérêts partisans", encourage le Pontife, car "une seule intention doit animer tout ce travail : œuvrer pour le bien de l'humanité tout entière".

En effet, ajoute le pape François, "il est attendu du Conseil qu'il respecte et mette en œuvre les principes de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne". Charte des Nations unies avec transparence et sincérité, sans arrière-pensée, comme un point de référence obligatoire pour la justice et non comme un instrument pour masquer des intentions ambiguës". 

"La paix, le rêve de Dieu pour l'humanité".

François a poursuivi en dénonçant le fait que "dans le monde globalisé d'aujourd'hui, nous sommes tous plus proches les uns des autres, mais cela ne nous rend pas plus frères et sœurs. Au contraire, nous souffrons d'un manque de fraternité, visible dans les nombreuses situations d'injustice, de pauvreté et d'inégalité, et dans l'absence d'une culture de la solidarité. Mais le pire effet de ce manque de fraternité, ce sont les conflits armés et les guerres, qui aliènent non seulement des individus mais aussi des peuples entiers, et dont les conséquences négatives se répercutent sur les générations à venir.

"En tant qu'homme de foi, a-t-il poursuivi, je crois que la paix est le rêve de Dieu pour l'humanité. Cependant, je constate avec tristesse qu'à cause de la guerre, ce rêve merveilleux est en train de se transformer en cauchemar. "Il est vrai que, d'un point de vue économique, la guerre est plus attrayante que la paix, en ce sens qu'elle favorise le profit, mais toujours pour quelques-uns et au détriment du bien-être de populations entières", a-t-il critiqué.

"Non à la guerre", notes de paix

Sur le même ton d'urgence que celui utilisé dans le discours, et qui peut révéler la solitude d'un Pape face aux guerre russo-ukrainienne et ses conséquences dramatiques, et face à d'autres conflits dans le monde, le Saint-Père a été catégorique : "Le moment est venu de dire sérieusement "non" à la guerre, d'affirmer que les guerres ne sont pas justes, que seule la paix est juste ; une paix stable et durable, qui ne repose pas sur l'équilibre fragile de la dissuasion, mais sur la fraternité qui nous unit".

"La paix est possible, si elle est vraiment recherchée", a-t-il ajouté. "La paix doit trouver au sein du Conseil de sécurité ses caractéristiques fondamentales, qu'une conception erronée de la paix fait facilement oublier", a-t-il déclaré en citant saint Paul VI : "La paix doit être rationnelle et non passionnelle, magnanime et non égoïste ; la paix ne doit pas être inerte et passive, mais dynamique, active et progressive, à mesure que les justes exigences des droits déclarés et équitables de l'homme en appellent à de nouvelles et meilleures expressions ; la paix ne doit pas être faible, inutile et servile, mais forte, tant pour les raisons morales qui la justifient que pour le consentement compact des nations qui doit la soutenir", 

"Nous avons encore le temps".

Dans ses derniers mots, le pape François a ouvert une lueur d'espoir : "Nous avons encore le temps d'écrire un chapitre de paix dans l'histoire. Nous pouvons y parvenir en faisant en sorte que la guerre appartienne au passé et non à l'avenir. Les débats au sein de ce Conseil de sécurité sont ordonnés et servent cet objectif. Je voudrais insister une fois de plus sur un mot que j'aime répéter parce que je le considère comme décisif : la fraternité. Elle ne peut rester une idée abstraite, mais doit devenir un point de départ concret.

"Pour la paix, pour chaque initiative et processus de paix, je vous assure de mon soutien, de ma prière et de celle de tous les fidèles catholiques", a conclu François. "Je prie pour que non seulement ce Conseil de sécurité, mais aussi l'ensemble des Nations unies et la communauté mondiale tout entière soient en mesure de travailler ensemble pour la paix. Nations UniesLe monde, tous ses États membres et chacun de ses fonctionnaires, peuvent rendre un service efficace à l'humanité, en assumant la responsabilité de préserver non seulement leur propre avenir, mais aussi celui de tous, en ayant l'audace de renouveler maintenant, sans crainte, tout ce qui est nécessaire pour promouvoir la fraternité et la paix sur toute la planète. Heureux les artisans de paix (Mt 5,9)".

L'auteurFrancisco Otamendi

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