Les femmes jouent un rôle de plus en plus important dans le développement du dialogue interreligieux. La preuve concrète de cette révolution, en cours depuis plusieurs années, est la récente conférence internationale intitulée "Les femmes construisent une culture de la rencontre interreligieuse".. Elle s'est tenue à Rome à la fin du mois de janvier et a été organisée par le Dicastère du Vatican pour le dialogue interreligieux, en collaboration avec l'Union mondiale des organisations féminines catholiques.
Mgr Indunil Janakaratne Kodithuwakku, secrétaire du Dicastère pour le dialogue interreligieux, parle d'un événement sans précédent. Il explique que la conférence de Rome est historique car "30 femmes de 23 pays et de 12 religions y ont participé. De plus, la conférence a été spécifiquement conçue pour écouter les histoires des femmes, en particulier celles des périphéries qui sont impliquées dans le dialogue interreligieux et interculturel. Toutes les intervenantes étaient des femmes et ce fut une expérience nouvelle et enrichissante d'entendre, de leur point de vue féminin, tout le travail important qu'elles accomplissent dans tant de domaines différents de la société".
Cet événement n'était cependant pas le seul que le ministère a organisé dans ce sens...
-Oui. La conférence était le point culminant d'une série d'événements organisés par ce dicastère pour promouvoir le rôle des femmes dans le dialogue interreligieux. Par exemple, l'assemblée plénière du dicastère en 2017 avait pour thème. Le rôle des femmes dans l'éducation vers la fraternité universelle".". "Action contemplative et contemplation active : les nonnes bouddhistes et chrétiennes en dialogue" était, en revanche, le thème de la première conférence internationale conjointe entre les femmes consacrées des deux religions, qui s'est tenue à Kaohsiung, à Taïwan, en octobre 2018. Enfin, le message pour la fête bouddhiste du Vesak de 2019 était intitulé. "Bouddhistes et chrétiens : promouvoir la dignité et l'égalité des droits des femmes et des filles".
Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d'organiser la conférence sur le rôle des femmes dans le dialogue interreligieux en janvier dernier ?
Tout d'abord, renforcer le rôle des femmes dans le domaine du dialogue interreligieux : dialogue de vie et d'action, dialogue théologique et spirituel. Ensuite, pour souligner que le dialogue est un chemin que les hommes et les femmes doivent parcourir ensemble, et pour insister sur le fait que l'égalité de dignité et de droits des femmes doit également se refléter dans le dialogue interreligieux : davantage de femmes doivent avoir une place aux tables de discussion et de décision, où elles sont encore moins nombreuses que les hommes. En outre, la conférence a également entendu la présentation de l'image des femmes dans différentes écritures et enseignements religieux. Au fond, tout cela sert à promouvoir la "culture de la rencontre", un concept cher au pape François.
Quels étaient les objectifs de cette conférence ?
-Les objectifs étaient de célébrer les femmes et leurs réalisations ; de redécouvrir comment les éléments spécifiquement féminins de nos traditions religieuses peuvent éveiller l'énergie spirituelle pour guérir notre monde blessé ; d'écouter et d'apprendre des efforts continus des femmes du monde entier pour créer des sociétés plus fraternelles par le dialogue.
Quels ont été les résultats concrets ?
-Je pense que la conférence a atteint ses objectifs : les femmes ont été reconnues et soutenues dans leur important travail ; elles ont fait d'excellentes présentations sur leurs traditions religieuses respectives et sur la manière dont les religions défendent la dignité des femmes. Avec les autres participants à la conférence, les femmes ont également nommé et combattu les éléments de discrimination à l'égard des femmes et leurs causes. Elles ont raconté leur travail concret dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la défense des droits de l'homme, du droit et de la préservation culturelle. Elles ont partagé des témoignages sur la construction de ponts entre différents groupes culturels et religieux dans leurs contextes locaux. Les résultats ont été, en fin de compte, une compréhension enrichie et l'établissement de relations.
Quel est le rôle des femmes aujourd'hui, chacune dans sa propre religion, dans la construction d'une culture de la rencontre ?
-De nombreuses femmes ont souligné les caractéristiques spécifiquement féminines qui contribuent à la construction d'une culture de la rencontre et qui transcendent les différences religieuses : l'attention maternelle et la protection des autres, en particulier des plus vulnérables ; l'équilibre que les femmes offrent aux hommes ; leur capacité à créer des espaces de dialogue même au milieu des conflits ; et leur action pacifique contre l'injustice. Ces caractéristiques doivent être présentes dans divers aspects de la société, y compris dans le leadership, afin de construire un monde plus fraternel. Bien sûr, elles ont également offert des témoignages vivants d'une manière féminine de faire du dialogue, qui laisse plus de place à toute la gamme des discours humains, y compris les récits, les émotions et la relationnalité.
Pourquoi l'action des femmes est-elle aujourd'hui cruciale pour le développement du dialogue interreligieux ?
-Il est nécessaire de mieux connaître les expériences et les préoccupations de tous, ce qui implique l'inclusion des femmes dans le dialogue. L'un des principaux objectifs du dialogue interreligieux est la paix, et les femmes sont des artisans naturels de la paix, grâce à leur compréhension innée de la dignité de chaque être humain et du préjudice que leur causent les situations de discrimination et de violence.
Comment les femmes peuvent-elles être davantage impliquées dans le dialogue interreligieux ?
-Les femmes ont toujours été impliquées dans le dialogue de la vie, par lequel des personnes de différentes traditions religieuses vivent ensemble et résolvent pacifiquement les tensions nées des différences. Elles prennent également l'initiative de s'impliquer davantage dans le dialogue interreligieux aux niveaux formel et théologique. Si les dialogues entre hommes et femmes peuvent être fructueux, il faut davantage de dialogues composés d'hommes et de femmes, surtout lorsqu'il s'agit de prendre des décisions importantes sur la manière dont les personnes de différentes traditions religieuses peuvent travailler ensemble pour construire une culture de la rencontre.
Comment le dialogue interreligieux entre femmes peut-il influencer positivement le chemin de la paix dans un monde de plus en plus belliqueux ?
-Les femmes façonnent souvent une manière d'écouter et de parler qui est ouverte à un chemin de paix. Comme le dit souvent le pape François, le dialogue est la voie à suivre, alors que la guerre est une perte pour tous. Par leur capacité naturelle à embrasser la diversité de l'autre, les femmes façonnent ce processus de paix, qui est continu et sans fin. Les femmes ont également une certaine persévérance et une patience face aux difficultés, qualités nécessaires pour construire la paix.
Après la conférence de janvier dernier, les intervenants formeront-ils un réseau pour approfondir ces questions ?
-Oui, elles sont ravies de rencontrer d'autres femmes qui travaillent à faire la différence pour la paix et la justice dans leur contexte local.
Comment le département va-t-il les aider à se mettre en réseau ?
Nous discutons encore de la manière dont nous allons procéder concrètement, mais les femmes et nous-mêmes avons de nombreuses idées sur le travail que nous pouvons faire ensemble et sur la manière de rester en contact grâce à ce travail.