Culture

L'enfant qui a traité le Pape avec clémence

Javier Anleu a écrit une série de courriels à Jean-Paul II en 2005. Il avait neuf ans. Ses paroles ont réconforté le pape dans les derniers jours de sa vie.

Juan Bautista Robledillo-27 de janvier de 2016-Temps de lecture : 3 minutes

Je suis tombé sur une histoire qui contient un message fort très approprié pour l'Année de la Miséricorde. Il s'agit du témoignage d'un jeune garçon, Javier Anleu, dont les mots, écrits dans une série de courriels envoyés par lui et sa sœur à Jean-Paul II, ont réconforté le pape dans ses derniers jours. La mère de Javier raconte que Jean-Paul II demandait souvent si de nouveaux courriers étaient arrivés de ses "petits amis du Guatemala". Le témoignage de cet enfant, devenu un jeune homme, est un exemple clair de l'affection dont les malades ont besoin. Il s'agit du récit personnel du protagoniste :

"Je m'appelle Javier Anleu et, en 2005, j'ai vécu l'une des expériences qui m'a le plus marqué dans ma vie : j'ai écrit des courriels au désormais saint Jean-Paul II. J'avais neuf ans lorsque Jean-Paul II a été hospitalisé du 1er au 10 février 2005. Comme tout enfant catholique, j'ai beaucoup prié pour la santé du pape.

Nous avions l'habitude de le prier à la maison avec mes parents et ma sœur, et aussi à l'école lors de la prière du matin. Un jour, avec toute l'innocence d'un enfant, j'ai dit à ma mère que je voulais écrire au pape. Ma mère a raconté cela à son père (mon grand-père maternel) et celui-ci, parmi ses amis prêtres et religieux, a réussi à obtenir un e-mail et l'a donné à ma mère. Nous ne savions pas si ce courrier venait vraiment du pape, mais ma grande sœur, qui avait douze ans à l'époque, et moi avons commencé à lui écrire. Ma sœur était très formelle lorsqu'elle lui écrivait, elle appelait Jean-Paul II "Votre Sainteté" et s'adressait à lui en disant "Vous". Moi, par contre, étant un enfant, je le traitais comme un ami, je l'appelais "Jean Paul" et je l'appelais même "toi". Avant d'envoyer le premier courriel, ma mère était choquée par la façon dont je le traitais, mais mon père l'a rassurée en disant "ces courriels n'atteindront jamais le Saint-Père". Laissez-moi lui écrire comme si j'étais un de ses amis".

Au cours des deux semaines suivantes, nous lui avons écrit environ trois courriels pour lui dire que nous priions pour lui. Le 25 février, Jean-Paul II a dû subir une opération de trachéotomie, ce qui nous a beaucoup affectés, ma sœur et moi.

À l'âge de cinq mois, ma grand-mère maternelle a subi deux attaques cérébrales et a été très limitée physiquement ; elle n'a jamais retrouvé la capacité d'avaler, et ne peut donc ni parler ni manger. J'ai vécu en suivant l'exemple de ma grand-mère, qui s'est battue, et j'ai observé pendant toute mon enfance comment elle est redevenue heureuse, même si elle ne peut ni parler ni manger.

Je pense que c'est la raison pour laquelle je me suis tellement identifié à Jean-Paul II, et à partir du 25 février, je lui ai écrit tous les deux jours. Je lui ai raconté l'histoire de ma grand-mère et comment elle avait surmonté la frustration d'être limitée physiquement, et je lui ai dit qu'elle était à nouveau heureuse. Mes messages au pape étaient des encouragements ; je voulais le convaincre qu'on peut être heureux même si on a des limites. Chaque fois que je lui écrivais, je lui disais combien je l'aimais.

La dernière fois que j'ai vu Jean-Paul II à la télévision, c'était le dimanche de Pâques, lorsqu'il est sorti pour donner la bénédiction. Urbi et orbiquand il essayait de parler et n'arrivait pas à sortir les mots. Ce moment m'a tellement ému que j'ai fondu en larmes. Je lui ai écrit pour lui dire que je l'avais vu et lui dire que je comprenais ce qu'il ressentait, que je continuais à prier très fort pour lui. Puis, le 2 avril, Jean-Paul II est mort et ma tristesse a été énorme. Un de mes amis était mort.

Les jours passent et, début mai, ma mère reçoit un courriel de la nonciature apostolique au Guatemala lui demandant de les contacter. Lorsqu'elle s'est présentée comme ma mère, la secrétaire de la nonciature a su qui nous étions, ma sœur et moi. Le nonce apostolique au Guatemala, alors Monseigneur Bruno Musaró, a voulu nous voir le 9 mai. Ils ne nous ont donné aucune explication. Nous nous sommes rendus à la réunion et le nonce nous a dit que Jean-Paul II avait lu tous nos courriels et qu'il nous considérait comme ses "petits amis du Guatemala". Il nous a également offert un portrait du pape et un chapelet béni par Jean-Paul II avant sa mort. Le portrait était daté du dimanche de Pâques, le 27 mars 2005, et il nous a donné sa bénédiction apostolique.

Je n'avais jamais imaginé que Jean-Paul II avait lu toutes mes lettres. La plus grande satisfaction est venue lorsque le nonce m'a dit que même lorsque Jean-Paul II ne pouvait pas parler ou était très faible, sa secrétaire lisait ses courriers, et que mon courrier du 25 février l'avait beaucoup touché de sentir qu'un garçon guatémaltèque de 9 ans l'aidait dans ses moments difficiles.

L'auteurJuan Bautista Robledillo

Guatemala

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