Le dominicain Domingo de Soto (Ségovie 1494 - Salamanque 1560) est l'un des principaux érudits du Siècle d'or espagnol. Après sa formation à l'université de Paris, il a d'abord enseigné à l'université d'Alcalá, puis à l'université de Salamanque (entre-temps, il est entré dans l'ordre dominicain). Son héritage intellectuel s'étend à plusieurs disciplines. En particulier, il est une figure clé de la transition entre la préhistoire médiévale de la physique et l'émergence de la physique moderne. Preuve de l'étendue de son érudition, les étudiants de l'université de l'époque avaient coutume de dire : "Qui connaît Soto connaît tout".
Dans le domaine théologique, Soto s'est distingué par son exploration aiguë du problème de la grâce et de la nature, apportant une contribution significative à la théologie de son temps. Il a d'ailleurs participé au Concile de Trente.
Sa perspicacité s'est étendue à la philosophie, à l'économie et au droit, où il a laissé son empreinte avec le premier traité sur les droits des pauvres et l'élaboration du Ius Gentium pour la défense des peuples indigènes, qui est à la base du droit international actuel.
Sur le plan scientifique, Domingo de Soto a été un pionnier dans la description du mouvement, anticipant d'un siècle les idées que Galilée établirait plus tard de manière expérimentale. Sa conception du mouvement en chute libre comme uniformément accéléré dans le temps a été d'une importance vitale pour la naissance, un siècle et demi plus tard, de la mécanique newtonienne, puisqu'elle postule un mouvement uniformément accéléré dans tout corps soumis à une force constante.
En outre, Soto a introduit la notion de masse inerte ou de résistance interne au mouvement, un concept fondamental de la mécanique newtonienne. Cette contribution, souvent attribuée à Galilée, révèle la profondeur de la pensée scientifique de Soto, dont les idées ont été essentielles à la naissance de la physique.
La diffusion des enseignements de Soto s'est étendue de l'université d'Alcalá au collège romain, influençant ainsi la formation de Galilée. C'est le thermodynamicien français Pierre Duhem qui, dans ses recherches sur la préhistoire de la physique, a découvert la contribution cruciale de notre illustre compatriote, qui personnifie la synergie entre la foi et la raison dans la recherche de la connaissance.
Université Complutense de Madrid. SCS-Espagne.