Après le choc des révélations de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église) sur le nombre exhorbitant d'abus sexuels (plus de 300 000) sur des mineurs dans l'Église depuis 1950, près de deux mois plus tard, les critiques émergent lentement.
Tout a commencé au début de la semaine. Huit membres éminents de l'Académie catholique de France, créée en 2009 pour assurer une meilleure visibilité de la "production intellectuelle liée (...) au catholicisme", ont adressé une lettre d'une quinzaine de pages à Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, et à Mgr Celestino Migliore, nonce apostolique en France, représentant direct du pape. Le document est signé par de nombreux membres de la direction de l'Académie, dont Hugues Portelli (président), Jean-Dominique Durand et Yvonne Flour (vice-présidents) et Jean-Luc Chartier (secrétaire général).
Tout d'abord, le document dénonce une évaluation discutable du nombre de victimes, puisque deux études ont été réalisées qui ont donné des résultats très différents : 27 000 victimes au maximum par les chercheurs de l'EPHE (École Pratique des Hautes Études) en extrapolant des données d'archives et d'enquêtes, et 330 000 par les chercheurs de l'INSERM à partir d'une enquête sur Internet auprès de 24 000 personnes, à laquelle 171 personnes avaient répondu qu'elles avaient été abusées, soit une extrapolation très discutable en 330 000.330 000 par des chercheurs de l'INSERM à partir d'une enquête sur internet auprès de 24 000 personnes, à laquelle 171 personnes avaient répondu qu'elles avaient été abusées, qui est devenue 330 000 par une extrapolation très discutable lorsqu'elle a été étendue à la population adulte nationale. Ce chiffre de 330 000 a été le seul retenu et l'étude de l'EPHE a été écartée sans explication. À partir de ce chiffre énorme, le CIASE a pu avancer une explication basée sur la nature "systémique" de la peste, inhérente à la nature et au fonctionnement de l'"institution" de l'Église.
Depuis lors, les recommandations les plus radicales ont été formulées, remettant en cause la nature spirituelle et sacramentelle de l'Église catholique, lui attribuant une image de corruption intrinsèque. Ainsi, les "recommandations" demandaient une "révision" de la confession, de l'absolution, de la morale sexuelle catholique, de "la constitution hiérarchique de l'Église", de "la concentration des pouvoirs d'ordre et de gouvernement entre les mains d'une seule personne", mais aussi d'invoquer la responsabilité civile et sociale de l'Église en raison du caractère "systémique" de ce fléau (alors même que la consultation de spécialistes juridiques de la question les en avait dissuadés), d'abolir le secret de la confession, etc.
Des dissensions ont déchiré l'Académie catholique ces derniers jours à la suite de ces critiques, qui mettent en cause les "faiblesses méthodologiques et les analyses parfois douteuses" du rapport CIASE. Bien que le document n'ait pas été présenté comme la position officielle de l'Académie mais comme l'opinion personnelle de certains de ses membres, plusieurs membres de l'Académie ont démissionné de l'institution. Eric de Moulins-Beaufort lui-même, président de la Conférence des évêques de France, et Sœur Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref). Ce nouveau document disqualifie la position qu'ils avaient précédemment prise publiquement, d'acceptation sans réserve des conclusions du CIASE.
Cependant, l'initiative des universitaires protestataires n'est que la pointe d'un mouvement plus large de critique du rapport Sauvé. Une vague qui atteint les plus hauts niveaux de l'Église. Selon certains médias, le geste des huit universitaires aurait conduit à l'ajournement de la conférence de presse. sine die Le Vatican a annulé une rencontre entre le Pape et les membres de la Commission Sauvé initialement prévue le 9 décembre en raison de problèmes d'agenda du Pape, a-t-on appris.
Au milieu de ce climat confus, l'Église de France a récemment reçu avec consternation la démission de l'archevêque de Paris, Michel Aupetit, à la suite d'une fuite intentionnelle dans la presse d'une accusation d'irrégularités de gouvernement et d'avoir eu des relations intimes avec une femme il y a neuf ans. L'archevêque Aupetit a nié ces allégations.
Le pape François a accepté la démission de Mgr Michel Aupetit de sa charge pastorale à la tête de l'archidiocèse de Paris, jeudi 2 décembre. A son tour, le Saint-Père a nommé Mgr Georges Pontier, archevêque émérite de Marseille, administrateur apostolique de Paris.