Dans la Église catholique syro-malabarebasée à Kerala, en Inde, est l'une des plus anciennes communautés chrétiennes d'Orient, traditionnellement fondée par l'apôtre Thomas. Avec plus de cinq millions de croyants et une forte présence institutionnelle, l'Église joue un rôle important tant dans la vie spirituelle de ses membres que dans le tissu social et culturel du pays. Cependant, ces dernières années, l'Église a été accablée par une série de scandales et de controverses qui ont profondément ébranlé la confiance des fidèles et remis en question sa crédibilité institutionnelle.
Ce climat de méfiance a été analysé et documenté en détail par l'étudiant Nibin Thomas, qui a présenté lundi dernier sa thèse de doctorat à la Faculté de communication sociale institutionnelle de l'Université d'Anvers. Université pontificale de la Sainte-Croixdirigé par le professeur Juan Narbona.
Grâce à l'analyse de cas concrets et aux réponses d'un échantillon de catéchistes de l'archiéparchie d'Ernakulam-Angamaly - 5 332 catéchistes, dont 767 religieuses, 14 prêtres et 156 séminaristes - la recherche a essentiellement montré comment la gestion inadéquate des crises par les autorités ecclésiastiques a alimenté un sentiment d'insécurité et de méfiance parmi les fidèles, conduisant à l'érosion de la confiance dans la hiérarchie ecclésiastique elle-même.
L'impact des scandales sur la confiance
La succession de scandales - cas d'abus sexuels, escroqueries financières et allégations de dissimulation - a érodé de manière dévastatrice la confiance dans l'Église syro-malabare, comme le montre l'étude de M. Thomas. En effet, 83,8 % des personnes interrogées ont déclaré que ces événements avaient créé une crise sans précédent ; plus de 77 % ont confirmé que les controverses avaient compromis leur relation personnelle avec l'Église, percevant une déconnexion croissante entre l'institution et les valeurs de transparence et de justice qu'elle devrait incarner.
Un élément clé contribuant à l'érosion de la confiance est le sentiment que la hiérarchie de l'Église a mal géré ces crises. En effet, 73,4 % des personnes interrogées pensent que les autorités ont essayé de protéger les auteurs et de dissimuler les crimes, plutôt que de les traiter avec transparence et rigueur morale. Ce sentiment de protection des auteurs a été interprété comme une trahison des attentes en matière de vérité et de justice. La communication institutionnelle elle-même est perçue comme insuffisante, 65,9 % des personnes interrogées étant en désaccord avec les méthodes d'information utilisées par l'Église pendant les crises.
Le rôle des réseaux sociaux
En effet, la révolution numérique et les réseaux sociaux ont amplifié l'impact des scandales. Selon 74,6 % des catéchistes interrogés, toujours sur la base de leur expérience personnelle, la diffusion de ces outils a sans aucun doute exacerbé les controverses, favorisant évidemment la diffusion de nouvelles souvent négatives de manière virale.
En même temps, elle révèle le manque de préparation des organes ecclésiastiques pour répondre à ces flux d'informations de manière opportune et appropriée. Un scénario, selon la thèse de Thomas, "qui souligne la nécessité d'une approche proactive et stratégique de la communication par l'Église syro-malabare, non seulement pour réfuter d'éventuelles "fake news", mais aussi pour favoriser un récit transparent susceptible de regagner la confiance des fidèles".
Matière à réflexion
L'étude présentée à l'Université de la Sainte-Croix fournit clairement des pistes de réflexion qui peuvent également s'appliquer à d'autres contextes ecclésiaux. Dans un monde de plus en plus connecté et transparent, les institutions ecclésiastiques sont appelées à revoir leurs méthodes de gestion de crise et leur façon de communiquer en général. La perte de confiance est en fait un rappel important pour promouvoir une culture de responsabilité, de dialogue et d'écoute, des éléments cruciaux pour reconstruire les liens d'appartenance qui ont été compromis par ce qui s'est passé.
Il est clair qu'il faut apprendre à éviter les dissimulations, à agir de manière décisive contre les auteurs et à communiquer de manière claire et transparente. Ces éléments, en plus de rétablir la confiance, peuvent favoriser une véritable réconciliation au sein de la communauté.
Intervention du Saint-Siège
À cet égard, il convient de rappeler que les situations internes et les divisions que l'archiéparchie d'Ernakulam-Angamaly a connues ces dernières années ont même nécessité l'intervention du Saint-Siège. En 2023, le Pape François avait exprimé dans un message vidéo sa préoccupation face à la situation conflictuelle qui avait surgi sur la manière de célébrer la liturgie, encourageant l'archevêché à prendre le chemin de l'unité et du renouveau.
Auparavant, en 2021 et 2022, il avait adressé deux lettres aux évêques, prêtres, religieux et laïcs, dans lesquelles il exhortait la communauté à "marcher ensemble avec le peuple de Dieu parce que l'unité surmonte tous les conflits". Une unité qui doit être reconstruite main dans la main avec la reconstruction de la confiance.