Amérique latine

Le Chili se dote d'une nouvelle constitution

60% des Chiliens ont voté contre le projet de Constitution. Un résultat qui montre que le Chili ne veut pas d'une Constitution qui rompt radicalement avec la tradition politique, culturelle et des valeurs du pays.

Pablo Aguilera-5 septembre 2022-Temps de lecture : 4 minutes
constitution du chili

Manifestation contre le projet de constitution du Chili. Août 2022 ©CNS Photo/Ivan Alvarado , Reuters

Chili, octobre 2020 : lors d'un plébiscite, 78 % des Chiliens ont voté pour une nouvelle Constitution et ont choisi de la faire rédiger par une Convention constituante (50 % des listes électorales ont voté). En juillet 2021, la Convention de 155 membres, élus par vote démocratique, a commencé ses travaux. Ils ont conclu leur travail en juillet 2022. Le 4 septembre, un plébiscite a été organisé, au cours duquel les Chiliens âgés de plus de 18 ans étaient tenus de voter. Si la majorité des Chiliens l'approuvent, le Congrès chilien l'adoptera. En revanche, si la majorité la rejette, l'actuelle Constitution de 1980 restera en vigueur.

Le soir même du dimanche 4, le Service électoral (un organisme d'État autonome) a signalé que le projet de Constitution avait été rejeté par 61,9 % des citoyens, n'obtenant qu'une approbation de 38,1 1 %. Ce résultat retentissant a été une grande surprise.

L'avortement dans la proposition de constitution du Chili

En mars de cette année, la Conférence épiscopale (CECH) a lancé un avertissement : " Une Constitution politique avec une norme sur les avortement Le libre arbitre ne peut être ressenti et assumé comme tel par de nombreux Chiliens, parmi lesquels beaucoup de personnes qui professent une foi religieuse, car le respect de la vie humaine dès la conception n'est pas quelque chose de secondaire ou une considération facultative, mais une valeur fondamentale que nous affirmons sur la base de la raison et de la foi. Si cette décision n'est pas modifiée, la Convention constitutionnelle place un obstacle insurmontable pour que de nombreux citoyens donnent leur approbation au texte constitutionnel en cours d'élaboration".

En juillet, la proposition d'une nouvelle Constitution a été soumise au pays. Une fois de plus, le CECH, avec la signature de tous les évêques, a déclaré que "Une grande partie des propositions sur la façon d'organiser la "maison commune" sont ouvertes à l'opinion, et une pluralité d'options est légitime. (...) En revanche, nous considérons négativement les normes qui autorisent l'interruption de grossesse, celles qui laissent ouverte la possibilité de l'euthanasie, celles qui défigurent la conception de la famille, celles qui restreignent la liberté des parents d'enseigner à leurs enfants, et celles qui imposent certaines limitations au droit à l'éducation et à la liberté religieuse. Nous considérons comme particulièrement grave l'introduction de l'avortement, que le texte constitutionnel proposé appelle "le droit à l'interruption volontaire de grossesse".

Euthanasie

Les évêques chiliens ont vivement critiqué le fait que "l'article établit que l'État garantit l'exercice de ce droit, sans interférence de tiers, qu'il s'agisse de personnes ou d'institutions, ce qui exclut non seulement la participation du père à cette décision, mais aussi l'exercice de l'objection de conscience personnelle et institutionnelle (...) Il est frappant que la proposition constitutionnelle reconnaisse les droits de la nature et exprime sa préoccupation pour les animaux en tant qu'êtres sensibles, mais ne reconnaisse aucune dignité ni aucun droit à l'être humain dans le ventre de sa mère".

Ils poursuivent en disant que "la norme constitutionnelle qui assure à chaque personne le droit à une mort digne est une source de préoccupation. C'est sous ce concept qu'est introduite dans notre culture l'euthanasie, qui est une action ou une omission ayant pour but de provoquer directement la mort, et donc d'éliminer la douleur.

Sur la famille, ils ont souligné que le texte "élargit le concept de famille en parlant de "la famille dans ses diverses formes, expressions et modes de vie, sans la restreindre aux liens exclusivement filiaux et consanguins".

Éducation

En ce qui concerne l'éducation, ils ont souligné que la proposition "n'est pas tout à fait claire dans l'expression d'un droit préférentiel et direct des parents à éduquer leurs enfants (...) La forte présence de l'idéologie du genre dans le texte est également préoccupante dans ce domaine, car elle donne l'impression de vouloir s'imposer comme une pensée unique dans la culture et le système éducatif, ce qui porte atteinte au principe de la liberté d'éducation des parents à l'égard de leurs enfants". (...) En outre, il y a un silence manifeste dans le projet de texte constitutionnel en ce qui concerne l'enseignement privé subventionné, qui a également une fonction publique évidente.

Si plus de 55% des élèves chiliens étudient dans le système privé subventionné, avec un pourcentage très élevé d'élèves vulnérables, pourquoi le droit constitutionnel à ces autres propositions d'initiative privée, subventionnées avec des fonds publics d'éducation, sous la supervision de l'État, n'est-il pas consacré afin de garantir la liberté d'éducation ? (...), il n'établit pas expressément le droit des parents à créer et à soutenir des établissements éducatifs de différents types, ni l'obligation de fournir les ressources économiques correspondantes ".

Liberté religieuse

En ce qui concerne la liberté religieuse, ils ont déclaré que cette proposition "ne reconnaît pas certains éléments essentiels, tels que l'autonomie interne des confessions, la reconnaissance de leurs propres règles et la capacité de celles-ci à conclure des accords qui garantissent leur pleine liberté dans la prise en charge de leurs membres, en particulier dans les situations de vulnérabilité (hôpitaux, lieux d'exécution des peines, foyers pour enfants, etc.) Enfin, il nous semble que le système établi pour donner une reconnaissance juridique aux confessions laisse leur existence ou leur suppression entre les mains d'organes administratifs, ce qui pourrait compromettre le plein exercice de la liberté religieuse".

Les Chiliens ont déclaré, à une écrasante majorité, qu'ils ne veulent pas d'une Constitution qui rompt radicalement avec la tradition politique, culturelle et de valeurs du pays. Les partis politiques représentés au Congrès se mettront certainement d'accord sur la manière d'apporter des modifications à la Magna Carta actuelle, ou sur le mécanisme à mettre en place pour proposer un nouveau texte.

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