Hier a débuté l'assemblée de printemps de la Conférence des évêques des États-Unis, une réunion qui se terminera vendredi et qui se tient virtuellement en raison de la pandémie. Bien qu'au cours des prochains jours, les évêques aborderont un certain nombre de questions relatives à la vie de l'Église aux États-Unis (nouvelles traductions anglaises de la liturgie des heures, plan pastoral pour le mariage et la famille, et vision globale du ministère des Amérindiens), la question qui a dominé dès les premières minutes de cette Assemblée, et qui reflète la polarisation de l'Église dans ce pays, est l'approbation d'une "déclaration sur la signification de l'Eucharistie dans la vie de l'Église".
Une initiative qui s'adresse à tous les membres de l'Église, mais qui a une cible principale : le président Joe Biden, qui, bien que se déclarant catholique pratiquant et communicant, a promu depuis le début de son mandat des politiques contraires aux enseignements de l'Église sur la défense de la vie et du mariage formé par un homme et une femme.
Hier, au début de la conférence, certains évêques opposés à la publication d'une telle déclaration ont tenté de modifier l'ordre du jour de la réunion en proposant de reporter la discussion du document eucharistique à la prochaine Assemblée de novembre et de supprimer les délais protocolaires pour sa discussion, afin que la question puisse être discutée en personne et/ou sans limites de temps. La proposition a échoué, 59 % des évêques s'y étant opposés. La discussion sur le document se poursuit donc comme prévu le 17 juin.
Cette polarisation ne se manifeste pas seulement dans la hiérarchie mais à tous les niveaux de l'Eglise américaine. C'est pourquoi, dans leurs discours inauguraux, le nonce apostolique aux Etats-Unis, Mgr Christophe Pierre, et Mgr José H. Gomez, archevêque de Los Angeles et président de la Conférence épiscopale, ont lancé un fervent appel à l'unité et à ne pas associer la foi ou la marier à des idéologies ou des partis politiques. Au sortir de cette pandémie, nous devons nous demander si "nous sommes une Église qui répond aux besoins réels de notre peuple", a déclaré Mgr Christophe Pierre. Le modèle de l'Église que le Christ nous appelle à être, a-t-il dit, est le modèle du bon Samaritain, "qui va avec compassion et miséricorde vers ceux qui souffrent pour leur apporter la vraie guérison".
Ce qui manque aujourd'hui dans le processus d'évangélisation, a-t-il dit, c'est de "repartir de Jésus-Christ", mais le point de départ n'est pas de faire honte aux faibles, mais de proposer Celui qui peut nous renforcer dans nos faiblesses à travers les sacrements de la réconciliation et de l'Eucharistie. "La Sainte Communion, a dit le nonce, n'est pas simplement une chose à recevoir, mais c'est le Christ lui-même : une Personne à rencontrer. Un catholicisme qui se confond avec une simple tradition culturelle ou qui ne se distingue pas d'autres propositions, même politiques ou idéologiques, fondées sur certaines valeurs, ne convaincra jamais cette génération ni les nouvelles. Nous ne sommes pas une église de parfaits, mais une église de pèlerins qui a besoin de la miséricorde offerte par le Christ". Il ne s'agit pas d'écraser les autres, mais d'accompagner, d'aimer et de respecter le dialogue, a précisé le Nonce.
José Gomez, a reconnu que la division (politique) de la société américaine reflète et affecte également l'Eglise : "Nous vivons dans une société séculaire où la politique devient un substitut de la religion pour beaucoup de gens". Par conséquent, "nous devons nous garder de la tentation de penser l'Église uniquement en termes politiques. L'unité dans l'Église ne signifie pas la conformité des opinions, ni que les évêques ne sont jamais en désaccord. Les apôtres ont argumenté avec passion. Ils n'étaient pas d'accord sur les stratégies et les méthodes pastorales. Mais ils n'ont jamais été en désaccord sur la vérité de l'Évangile. Dans le sillage de la pandémie, a déclaré M. Gomez, notre Saint-Père nous appelle à renforcer l'unité du Corps du Christ.
L'unité prônée par les archevêques Pierre et Gomez sera mise à l'épreuve aujourd'hui dans ce qui sera un débat animé entre les évêques sur la formulation et la terminologie de cette déclaration sur l'Eucharistie dans la vie de l'Église.