Le 27 novembre dernier, en la fête de la Vierge Miraculeuse, les Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul ont accueilli une nouvelle province canonique au sein de l'ordre : Centre de l'Espagne.
Au total, la nouvelle province est composée d'un millier de religieux travaillant pour les plus pauvres dans les communautés autonomes de Madrid, Castilla y León, Castilla-La Mancha, Murcia et La Rioja.
Cette nouvelle province a également marqué le début des travaux du Conseil provincial présidé par Sr. Mª Concepción Monjas Pérez comme Visitatrix. À cette occasion, Omnes a interviewé la nouvelle Visitatrice qui a souligné, entre autres, l'émergence de "nouvelles formes de pauvreté" dans lesquelles travaillent les Filles de la Charité et l'avenir fondé sur une mission partagée avec les laïcs.
- Comment la nouvelle province assume-t-elle le développement de son charisme fondateur ? Pourquoi a-t-on décidé de créer cette province ?
La Province assume le développement de son charisme fondateur comme l'ont fait jusqu'à présent les provinces Madrid-Saint Louise et Madrid-Saint Vincent : avec un sens ecclésial profond, avec un très grand souci de répondre aux besoins de notre temps et en étant très attentif aux besoins des pauvres. Tout cela toujours dans le respect de l'héritage de Saint-Vincent et Sainte-Louise.
Les Filles de la Charité sont en pleine réorganisation. Nous sommes 12 800 dans le monde et la diminution du nombre de sœurs a conduit les Supérieurs généraux à réorganiser les provinces. C'est une organisation qui vise à garder la vitalité apostolique bien présente à l'esprit.
Le monde change rapidement et les Filles de la Charité sont nées pour y participer et pour rendre l'Évangile et la charité présents au milieu des personnes qui souffrent.
- Vous avez souligné la nécessité d'un renouvellement des structures sans oublier le charisme lui-même. Comment concrétisez-vous ce renouvellement aujourd'hui ? Quels sont les défis actuels et futurs pour les Filles de la Charité ?
Ce renouveau est posé par la situation actuelle elle-même : la situation des migrants, les situations de violence de toutes sortes, la violation des droits de l'homme...
C'est tout cela qui nous pousse à vivre ce renouveau, qui est au fond une réponse actualisée à ce que saint Vincent voulait faire au XVIIe siècle : continuer à être une présence de la miséricorde de Dieu au milieu d'un monde de souffrance. Bien sûr, ce renouveau nécessite une collaboration avec les laïcs qui sont une partie fondamentale de notre action et aussi avec l'Eglise.
La synodalité est la clé à l'heure actuelle pour continuer à faire du charisme vincentien une réalité au milieu du monde. Nous venons de célébrer une Assemblée générale qui nous a présenté des défis très importants pour répondre aux droits de l'homme qui ont été violés : le soin de la maison commune, le soin de la création, la mystique du vivre ensemble en collaboration et en fraternité et la transmission de la foi avec l'Évangile aux jeunes. Tels seraient nos quatre défis pour le présent et l'avenir.
- Comment pouvons-nous encourager les vocations à une vie de dévouement et de service comme celle d'une Fille de la Charité ?
Il est difficile de répondre à cette question car la vérité est que cette vocation est très actuelle et pourtant nous avons du mal à la transmettre et à l'assumer. C'est l'un des grands défis : pouvoir transmettre aux jeunes femmes cette passion pour Dieu et pour l'humanité. Nous cherchons des moyens de faire de ce projet une réalité.
-Les Filles de la Charité sont l'une des communautés les plus connues et les plus aimées pour leur travail auprès des plus vulnérables. Comment cette activité se structure-t-elle et se développe-t-elle aujourd'hui ? Y a-t-il de nouvelles formes de pauvreté, de nouvelles vulnérabilités ?
Nous détectons actuellement de nouvelles formes de pauvreté telles que les situations dans lesquelles vivent les migrants, la traite des êtres humains et la violence de genre. Nous avons créé une communauté interprovinciale à Melilla pour répondre à toutes ces situations frontalières et nous sommes très attentifs à tout ce qui se présente dans nos domaines de service.
Saint Vincent nous a demandé d'être très attentifs aux pauvres car cela rend nos structures plus agiles : nous les organisons et les réorganisons en fonction des besoins. Je dirais qu'aujourd'hui, le point fort est la "mission partagée" avec les laïcs dans tous les domaines de service.