Le dernier dimanche de la Parole, le pape François a invité tous les chrétiens à célébrer et à partager autour de la Parole de Dieu, qui est toujours une lumière pour nos pas, comme le dit le psalmiste.
Comme il est bon que nous aussi, vie consacrée, en célébrant la 26ème Journée de la Vie Consacrée, ayons cette conviction ! Afin que, poussés par l'Esprit et guidés par sa Parole, nous puissions continuer à "marcher ensemble", comme le dit notre devise en ce moment ecclésial important et stimulant.
Marcher ensemble, poussés par sa Parole, nous pousse toujours à plus : à plus d'engagement, à plus de prophétie humble au milieu du monde, à plus de dialogue sans préjugés. Être davantage sel et lumière, afin que le monde puisse goûter à la tendresse et à la miséricorde qui nous sont révélées en Jésus-Christ. Le Fils de Dieu incarné, fait un parmi tant d'autres, que nous, consacrés, cherchons dans notre vie quotidienne, à partir des différents charismes, pour que finalement les autres aient la vie !
Il nous a lui-même appelés et convoqués, nous, hommes et femmes consacrés, comme ses disciples, à la communion, à l'écoute, pour proclamer qu'"aujourd'hui... c'est l'année de grâce" (Lc 4, 14-21). Ainsi, confiants dans son Esprit et dans sa Parole révélée depuis toujours, continuons à proclamer qu'"aujourd'hui" se réalisent en lui les promesses d'alliance et de salut pour la vie du monde, un chemin de service gratuit, qui se fait au fur et à mesure, en générant des processus, comme un peuple cher et aimé ! C'est cela la synodalité ! Un thème fondamental dans ce kairos à laquelle le pape François a invité toute l'Église.
Nous sommes donc invités à le regarder, " tous dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui ", à transformer notre regard et à nous prendre en charge pour marcher et rêver ensemble d'une nouvelle fraternité. Pour créer un nouveau monde : "Nous avons déjà connu une longue période de dégradation morale, de dérision de l'éthique, de la bonté, de la foi, de l'honnêteté, et le temps est venu de réaliser que cette joyeuse superficialité nous a fait peu de bien" Cf, FT.ch.III ).
Le pape François dira aussi, en particulier aux personnes consacrées : " Le Seigneur ne nous appelle pas à être des solistes, non, il ne nous appelle pas à être des solistes, mais à faire partie d'un chœur, qui est parfois désaccordé... nous avons besoin d'une patience courageuse pour marcher, pour explorer de nouveaux chemins, pour chercher ce que l'Esprit Saint nous suggère ". Et cela se fait avec humilité, avec simplicité, sans grande propagande, sans grande publicité (homélie 2.02.21).
Le monde d'aujourd'hui et ses cris ne peuvent être affrontés sans une synergie pleine d'espoir de chacun, si nous ne "marchons pas ensemble", si nous ne faisons pas nôtre la douleur d'un monde de plus en plus fragmenté. La vie consacrée, en tant que chercheuse de Dieu, sait, avec la sagesse du cœur, que l'on ne peut trouver Dieu qu'en marchant, car il est le Chemin. Il part toujours sur les routes, comme compagnon et Seigneur, qui fait battre le cœur comme ceux qui sont sur la route d'Emmaüs, et les ramène - nous ramène - à la communauté, pour ramer ensemble et sentir que nous sommes dans le même bateau afin de toucher terre ensemble, pour restaurer l'espoir, pour nettoyer les blessures, pour réparer les brèches.
Comme le disent nos pasteurs de la Commission épiscopale pour la vie consacrée dans la présentation de cette journée, marcher ensemble "...".est un exercice de nécessité et une expérience de beauté". Ce besoin découle de la demande de l'Église de renforcer les synergies dans tous les domaines de la mission. La beauté vient de la contemplation du témoignage de ceux qui sont appelés par la même vocation à vivre en fraternité et à donner leur vie pour le royaume au service de leurs frères et sœurs.
Marcher ensemble est une proposition toujours nouvelle et ouverte qui nous invite à dépasser nos perspectives plates et individualistes, à élargir les espaces de nos tentes et à parier sur le "nous" qui fait ressortir le meilleur de chacun de nous.
Tout cela, si nous perdons nos peurs et si nous nous libérons de l'inertie de l'avoir toujours fait de cette façon, des liens de la rigidité et devenons un. Un corps qui, avec notre participation et notre écoute vulnérable, fait pousser les ailes qui nous mènent à la mission. Non pas à des tâches réglementées, mais au rêve de la nouvelle fraternité, à la vigne de Jésus, où les ouvriers sont appelés amis du Seigneur et non serviteurs. Des amis qui, avec Lui, étendent la nappe universelle de sa table, partagent son pain et son vin, avec la démesure de celui qui sait qu'Il nous a aimés le premier jusqu'au bout, et nous a invités à faire de même.
La proposition de marcher ensemble, à partir de cet horizon, devient un plus de l'amour. C'est permettre de réaliser le salut qui nous est donné dans un Enfant fragile. Ce n'est pas pour rien que cette Journée de la Vie Consacrée est célébrée le jour de la fête liturgique de la Présentation de Jésus au Temple. Ceux qui le reconnaissent sont un homme âgé, Siméon, et Anna, une veuve, une femme stérile...
Quel contraste avec nos agendas, nos planifications, nos sentiments que la vie consacrée a perdu sa pertinence sociale !
Comme il nous est difficile d'accepter que Dieu se révèle aux petits, à ceux qui, comme "chercheurs de Dieu", regardent et espèrent dans la Parole donnée par le Dieu fidèle, qui s'est engagé envers son Peuple ! Notre tâche est de marcher à ses côtés, en pratiquant la tendresse et la miséricorde. Le reconnaître d'un regard clair.
Simeon et Anna ont pu découvrir La consolation d'Israël Que nous - l'ensemble de la Vie Consacrée - aujourd'hui, en célébrant cette fête et en renouvelant nos vœux, ne manquions pas l'occasion de manifester et de proclamer en symphonie prophétique que notre Dieu est le Dieu de la vie !
S'engager dans les caniveaux et les périphéries de tant de domaines de notre société. Que notre oui soit un oui d'amour confiant et engagé pour les cris de la maison commune et des pauvres. Que seulement à partir de réponses fermentées dans le dialogue, dans la prière, dans le discernement commun, en "marchant ensemble", nous ferons les pas nécessaires pour un autre monde alternatif, où d'autres gestes et actions sont rendus possibles, des actions qui mettent la personne et le bien commun au centre.
Nous sommes appelés et convoqués avec d'autres à coopérer humblement en tant qu'"artisans de la communion" avec nos vies personnelles et institutionnelles afin que le monde puisse croire.
La célébration de la Journée de la Vie Consacrée implique de recevoir à nouveau, en ce moment ecclésial important, comme tout le Peuple de Dieu, l'appel à la synodalité - à marcher ensemble. Non pas comme une mode mais pour retrouver le caractère essentiel de l'Eglise et de nos propres structures congréganistes et comme Eglise, avec créativité, pour accepter le plan de Dieu, pour notre aujourd'hui concret qui demande un nouvel élan apostolique.
Un humus de vie consacrée de la "nouvelle terre et des nouveaux cieux". Une vie consacrée passionnée par Jésus-Christ et son projet de salut, qui ne cesse de se poser des questions et de chercher, malgré son vieillissement ou le manque de vocations. Une vie consacrée dont le centre est l'esprit du Christ ressuscité qui continue à parler et à nous inspirer, comme nos fondateurs et fondatrices, pour aller au large. Pour faire de nous l'un des nombreux groupes qui, "marchant ensemble" comme des fils et des frères, se laissent guider "par l'humble et heureuse certitude de ceux qui ont été trouvés, atteints et transformés par le Chemin, la Vérité et la Vie, qui est le Christ, et ne peuvent cesser de le proclamer".
Bonne journée de la vie consacrée à tous !
Directeur de la Commission E. pour la Vie Consacrée. Conférence épiscopale espagnole.