Le bienheureux Justus Takayama Ukon était un samouraï, c'est-à-dire un noble guerrier japonais au service des daimios, des aristocrates d'une classe supérieure.
Il est né en 1552, l'année de la mort de saint François Xavier, au château de Sawa, au sud de la ville japonaise de Nara. Son père était bouddhiste, mais il a été converti par la prédication de frère Lawrence, un Japonais converti au christianisme par saint François Xavier. À la suite de la conversion de son père, toute la famille Takayama a été baptisée. Ukon avait alors 11 ans et a reçu le nom de Justus lors de son baptême.
Ce "samouraï chrétien", comme on le surnomme, s'entraîna très jeune au maniement des armes et devint rapidement seigneur d'un territoire, entamant ainsi sa carrière militaire et politique. Takayama Ukon était ouvertement chrétien et, par son exemple, beaucoup de ses vassaux se sont convertis au christianisme. En outre, "il reçut le jésuite Alessandro Valignano (1539-1606) à Takatsuki en tant qu'invité d'honneur ; il aida à fonder un séminaire à Azuchi, la nouvelle ville de Nobunaga sur les rives du lac Biwa" et "conseilla Nobunaga sur les préparatifs de la célèbre parade de Kyoto à laquelle l'empereur lui-même était présent", indique un article complet sur cet homme béni dans la revue Fondation du jubilé de Lord Takayama.
Ukon était un vassal d'Oda Nobunaga et, après son assassinat en 1583, de Toyotomi Hideyoshi. Il répandit le christianisme dans diverses régions du Japon, et nombre de ses amis nobles furent également baptisés.
Exil
Cependant, Hideyoshi n'était pas entièrement satisfait de la foi de Takayama Ukon. En 1586, il lui ordonne d'abandonner la foi chrétienne. Devant son refus, il est condamné à l'exil.
Six ans plus tard, en 1592, Hideyoshi réadmet Takayama Ukon dans son cercle, bien qu'il continue à pratiquer ouvertement sa foi. Après la mort de son seigneur quelques années plus tard, le samouraï devient vassal de Maeda Toshinaga, et peu après, de son frère Maeda Toshitsune. C'est alors, en 1614, que Tokugawa Ieyasu, considéré comme l'un des grands unificateurs du Japon, ordonne l'expulsion des missionnaires chrétiens, et avec eux, Takayama Ukon et sa famille, entre autres.
Mort à Manille
À cette nouvelle, Maeda Toshitsune, croyant qu'Ukon se rebellerait à cette sentence, se prépare à combattre, mais le samouraï lui envoie un message dans lequel il dit : "Je ne cherche pas mon salut par les armes, mais avec patience et humilité, conformément à la doctrine de Jésus-Christ que je professe".
Ainsi, accompagné de sa femme et de sa famille dans un groupe de 300 chrétiens condamnés à l'exil, Ukon s'embarque en novembre 1614 pour Manille. Une fois arrivé, il est reçu avec de grands honneurs par le gouvernement espagnol, mais quelques jours plus tard, il tombe malade et meurt à Manille le 3 février 1615.
"Il avait 63 ans, dont la plupart ont été consacrés à un témoignage extraordinaire de la foi chrétienne en des temps difficiles de conflit et de persécution", explique le Dicastère pour les causes des saints.
Le cardinal Angelo Amato, qui a présidé sa cérémonie de béatification à Osaka le 7 février 2017, l'a qualifié de "samouraï chrétien", de "promoteur infatigable de l'évangélisation du Japon".
Takayama Ukon et les papes
Le pape François a évoqué ce saint lors de l'audience générale du 8 février 2017, au lendemain de sa béatification, en disant que Takayama Ukon "a renoncé aux honneurs et aux richesses, en acceptant l'humiliation et l'exil. Il est resté fidèle au Christ et à l'Évangile, ce qui fait de lui un exemple admirable de force dans la foi et de dévouement dans la charité".
François a également fait référence à ce bienheureux dans une lettre adressée aux évêques du Japon à l'occasion de la visite pastorale du cardinal Fernando Filoni, préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, le 14 septembre 2017. Le pape François y notait qu'en pensant à l'Église du Japon, il se souvenait des nombreux martyrs qui avaient offert leur "vie pour la foi". "Ils ont toujours eu une place particulière dans mon cœur : je pense à saint Paul Miki et à ses compagnons, qui en 1597 ont été immolés, fidèles au Christ et à son Église ; je pense aux innombrables confesseurs de la foi, au bienheureux Justus Takayama Ukon, qui à la même époque ont préféré la pauvreté et le chemin de l'exil plutôt que de renier le nom de Jésus.
Le pape Jean-Paul II l'a également mentionné lors de l'audience générale du 15 juin 1988, lorsqu'il a salué les pèlerins de Kanazawa : "Je vous félicite pour les célébrations commémorant le premier centenaire de la reconstruction de votre église paroissiale. Votre église paroissiale a pour fondateur le vénérable Ukon Takayama, exilé pour sa foi. Je vous souhaite, en suivant son exemple, de conserver et de renforcer toujours plus votre foi avec l'aide de la Vierge Marie".
Statue à Manille
À Manille, une statue commémore ce samouraï chrétien, représenté avec une croix au lieu d'un sabre. On peut la voir ici.