Vocations

Les vocations tardives existent-elles vraiment ?

Ceux qui découvrent l'appel divin à un certain âge savent qu'il n'y a pas de temps pour Dieu. Nous pourrions dire que ce ne sont que des vocations tardives, "humainement ou chronologiquement".

Alejandro Vázquez-Dodero-10 octobre 2023-Temps de lecture : 3 minutes
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(Unsplash / Nathan Dumlao)

La vie, en général, en Occident, est longue, de plus en plus longue grâce aux progrès de la médecine et de la technologie. La vie passe par de nombreuses circonstances, sa conjoncture change et elle se façonne. Nous savons que dans la vie, on ne fait pas des choses neutres : ce sont les choses que l'on fait qui constituent une vie ; et oui, il est vrai que "dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es". 

Je cherche dans le DRAE J'ai trouvé, comme c'est souvent le cas, plusieurs sens au mot vocation : inspiration par laquelle Dieu appelle à un état, notamment à la religion ; inclination à un état, à une profession ou à une carrière ; convocation, appel.

Je m'en tiendrai à la dernière : convocation, appel. Parce qu'il englobe les autres sens, et parce qu'il renvoie en fait à des réalités à la fois humaines et divines. Il est vrai que l'on a une vocation professionnelle et une vocation surnaturelle.

Nous pourrions dire que l'on a une vocation si la réalité - Dieu, le travail, la famille à former, etc. - "convoque" ou "appelle" à un dévouement spécifique, auquel on se donne, avec le sens de la mission, et auquel on consacre sa vie. 

Pour une telle mission, il y a quelqu'un qui appelle ou convoque, qui tire ; quelqu'un - Dieu pour les croyants - ou quelque chose - la mission elle-même, qui m'attire pour que je m'y consacre. Et c'est ainsi.

Combien de fois, d'ailleurs, ceux qui ont été élevés dans un environnement, ou qui ont étudié pour une profession spécifique, se retrouvent à travailler dans d'autres secteurs, et à effectuer des tâches qui diffèrent de la théorie qu'ils ont apprise auparavant. 

Je me sens appelé, convoqué à une mission tout au long de ma vie. Et cette mission - cet appel - peut survenir à tout moment, parce que chacun est comme il est et perçoit ce qu'il perçoit quand il le perçoit.

Est-il possible qu'il soit déjà trop tard ?

Le terme "vocation tardive" est surtout utilisé dans le domaine divin ou surnaturel, bien qu'il soit quelque peu inexact et ne devrait en aucun cas avoir une connotation négative. 

Ceux qui découvrent l'appel divin à prêtrise ou à la vie consacrée à un certain âge, et après des années de travail, sans avoir étudié au petit séminaire ou fréquenté la paroisse dans leur jeunesse, ils savent que pour Dieu il n'y a pas de temps, et qu'il appelle quand et qui il veut pour une mission ou une autre. 

Nous pourrions dire qu'il ne s'agit que de vocations "humaines ou chronologiques" tardives. Si pour Dieu, comme nous l'avons dit, il n'y a pas de temps, quelle différence cela fait-il que je réponde à ce qu'il me dit - à son appel - tôt ou tard ? A priori, il n'y aura jamais de tôt ou de tard.

Car ce qui est important, comme dans presque tout, c'est la qualité et non la quantité ; le fruit de la correspondance à la vocation reçue dépendra essentiellement de la qualité avec laquelle elle est développée, et dans une moindre mesure de la quantité de ce développement. 

Souvent, et les formateurs du séminaire en sont témoins, il convient que le candidat à l'ordination prolonge sa période de discernement, ou qu'il attende de terminer les études civiles qu'il a commencées, ou qu'il se développe professionnellement pendant un certain temps. Tout cela pour des raisons prudentielles et formatives.

Et qu'en est-il de la vocation - oui, de la vocation - à la mariage? Du point de vue de la foi, en tant que sacrement, s'il était reçu dans la maturité de la vie, il ne pourrait humainement être qualifié que de tardif, car la grâce divine et donc le partage de la vie conjugale avec Dieu ne sont pas quantitativement mesurables.

Il en va autrement pour celui qui voit que Dieu l'appelle à une mission spécifique et qui retarde sa réponse : on pourrait alors dire qu'il est "en retard". Mais même dans ce cas, il faudrait qu'il soit convaincu de la profondeur mystérieuse déjà mentionnée lorsqu'il affirme que pour Dieu il n'y a pas de temps.

De plus, une fois la vocation reçue, elle se façonne peu à peu, et chaque chose en son temps. Par exemple, Sainte Thérèse de Jésus, après vingt ans de vie religieuse et à l'âge de trente-neuf ans, a découvert sa véritable vocation de réformatrice et a créé sa première fondation à presque cinquante ans.

J'ai lu l'autre jour une publicité qui m'a fait réfléchir à l'influence du temps sur notre propre vie, et qui m'a aussi fait réfléchir à l'utilité d'une vie passée. J'ai pensé aux possibles vocations tardives, mais surtout qu'elles sont toujours fructueuses. Et je suis allé plus loin dans mon discours, en ajoutant après "fécondes" un "pour leur fidélité et pour leur bonheur".

De la fidélité - à la vocation - au bonheur, il n'y a qu'un pas.

Dans cette vie, nous avons besoin de savoir pour quoi nous avons été appelés. En d'autres termes, quel est le sens pour chacun d'entre nous. Et ce, comme nous l'avons dit, dans tous les domaines de développement auxquels nous pouvons penser, en particulier dans le domaine spirituel. 

Le sentiment d'accomplissement, de faire ce que je dois faire et d'être dans ce que je fais, est inhérent à la réponse à cet appel ou à cette vocation. Et être épanoui, c'est être heureux. Car en effet, toute l'humanité a un appel ou une vocation, qui s'appelle le bonheur : c'est ce vers quoi elle tend, c'est ce qu'elle doit, c'est ce qui lui correspond.

Une vie cohérente, conforme à sa raison d'être et qui sera toujours une bonne chose en soi, est une vie heureuse.

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