Écologie intégrale

Le Service Jésuite des Migrants et les aumôniers remettent en question les CIEs

Les centres de détention pour étrangers ne sont pas nécessaires, comme l'a démontré la pandémie de Covid-19, au cours de laquelle ils sont restés fermés pendant plusieurs mois. C'est la plainte déposée par le Service Jésuite des Migrants (SJM) et des aumôniers comme Antonio Viera, du CIE des Canaries.

Rafael Miner-8 juin 2021-Temps de lecture : 4 minutes

Le Service jésuite des migrants a réitéré à la fin de la semaine dernière devant le Sénat espagnol "son engagement à accompagner et à défendre les personnes détenues dans les CIE", et a demandé une nouvelle fois "leur fermeture et la recherche d'alternatives légales et politiques pour les personnes en situation irrégulière".

Les propositions finales de son rapport sur 2020, intitulé Une raison juridique et aucune raison politique, Ils soulignent la nécessité "d'améliorer au moins la prévention et les soins de santé, sinon de suspendre la détention en cas de pandémie". Selon eux, il est encore nécessaire de corriger les situations de violation des droits, et de prendre en compte les plaintes de torture ou d'internement de profils vulnérables comme les mineurs et les demandeurs d'asile".

Le rapport du SJM sur 2020 se penche sur la détention en période de coronavirus, avec un accent particulier sur l'insuffisance des soins de santé. "Les CIE ont fermé leurs portes en réponse à la déclaration de l'état d'alarme en mars 2020, initialement de manière non coordonnée et chaotique, bien que la base légale et les décisions claires de la police et du bureau du procureur aient été perçues par la suite". Cependant, ils ont repris leur activité à partir de septembre, "avec des mesures préventives anti-covirus insuffisantes et un isolement sévère des personnes infectées, avec pour conséquence un climat d'anxiété et de détresse pour les détenus", souligne l'étude.

En 2020, selon le rapport, un total de 2 224 personnes ont été détenues en CIE, la grande majorité (79 %) pour des motifs de refoulement suite à une entrée irrégulière, suivis par des motifs d'expulsion (16 %). D'autre part, 42 mineurs ont été identifiés, soit près de 2 % du nombre total de détenus, "un chiffre trop élevé mais inférieur à la réalité, car il remet en question la fiabilité des tests de détermination de l'âge", souligne le SJM, dont la coordinatrice est Carmen de la Fuente.

Un fait important, selon les rédacteurs du rapport, est qu'il "reflète les souffrances inutiles auxquelles les détenus sont soumis : sur le nombre total de personnes renvoyées en Espagne (1 904), seules 28 % ont été renvoyées de CIE, et sur le nombre total d'expulsions (1 835), 38 % provenaient de CIE. 47 % des détenus ont finalement été libérés pour diverses raisons parce que leur rapatriement forcé n'a pas pu être effectué".

En outre, l'année dernière, les tribunaux ont admis " la responsabilité financière de l'État dans l'affaire de la mort de Samba Martine, à Madrid en décembre 2011 ". Un acte de justice et de réparation, fruit de près d'une décennie de lutte judiciaire et sociale de la part de la famille et des organisations sociales proches", dont l'avocate Cristina Manzanedo a raconté les vicissitudes.

Sauver l'invisibilité

Antonio Viera, aumônier du CIE de Barranco Seco à Las Palmas de Gran Canaria, partage le diagnostic du Service jésuite, et a préfacé son rapport d'un texte intitulé "Personnes à sauver de la mer de l'invisibilité". L'aumônier affirme "l'existence inutile du CIE", car, entre autres raisons, "il est bien connu que le CIE viole systématiquement les droits de l'homme des personnes détenues", en "n'ayant pas accès aux services de base", comme les services de santé ou les conseils juridiques, par exemple. Le rapport aborde de nombreuses questions, écrit Antonio Viera, "montrant clairement que l'Espagne survit avec des CIE vides".

Dans des déclarations à Omnes, l'aumônier explique que dans le CIE de Barranco Seco il y a "actuellement huit personnes : il y a les Marocains qui vont être expulsés vers le Maroc, et ils seront bientôt libérés, parce que la durée maximale de séjour dans le CIE est de 60 jours".

"La chose logique à faire est de fermer les CIE", ajoute-t-il, "car ils gaspillent également l'argent des contribuables. Ils n'ont aucune raison d'exister. Ici, ils ont bien géré les soins de santé pendant la pandémie. Ce dont ces personnes ont besoin, c'est d'un soutien psychologique, car elles arrivent dévastées après la traversée de l'Atlantique", explique-t-il à Omnes.

"Les personnes qui se trouvent dans ce CIU ont des visites familiales limitées, à cause du Covid, et les seules personnes qui s'occupent d'elles sont l'aumônier et les bénévoles de la Croix-Rouge", dit-il.

Migrants aux îles Canaries

Les îles Canaries sont l'un des endroits où la plupart des immigrants sont entrés ces derniers mois, en plus de Ceuta. "Les îles Canaries ne peuvent pas être un nouveau Lampedusa. Les Canaries sont l'Espagne, et quiconque arrive en Espagne est déjà libre de circuler dans toute l'Espagne. Il ne faut pas qu'ils arrivent sur les îles, qu'ils y restent enfermés et que le problème soit 'oublié'", a déclaré Mgr José Mazuelos, évêque des îles Canaries et président de la sous-commission épiscopale pour la famille et la défense de la vie de la Conférence épiscopale espagnole, lors d'une rencontre avec des journalistes à l'occasion de l'assemblée plénière de la CEE, il y a un peu plus d'un mois. Voici comment il a réfléchi Omnes

Lors de cette réunion, Mgr Mazuelos a rappelé la lettre pastorale signée par les évêques des îles, dénonçant la situation de milliers de personnes arrivant sur les côtes des Canaries dans des conditions infrahumaines. En outre, l'évêque des Canaries a souligné que "c'est un problème pour le gouvernement central, qui doit l'assumer et le résoudre. Le gouvernement régional des îles Canaries aide beaucoup ; Caritas est débordée : il y a des gens qui dorment dans la rue, le nombre de repas donnés par jour a triplé".

Projets

A l'horizon proche, selon le SJM, "le projet d'un nouveau CIE à Botafuegos, Algeciras, avec un investissement de près de 27 millions d'euros entre 2021 et 2024" a été confirmé. En outre, les financements proposés dans le budget général de l'État pour 2021, ajoutés à ceux déjà publiés les années précédentes, portent le chiffre à plus de 32,5 millions pour la période 2019-2024. Le nouveau centre d'Algeciras en reçoit la majeure partie, mais les 6 autres millions sont destinés à la réforme et à la rénovation des centres existants, ce qui témoigne d'une intention politique claire, souligne le SJM.

Lors de la présentation au Sénat, Carmen de la Fuente a souligné que les CIE de Valence et d'Algeciras sont actuellement fermés pour cause de travaux, tandis que Josetxo Ordóñez a ajouté que "l'année dernière, à Barcelone, il y a eu exactement 200 jours sans détention, du 6 mai au 23 septembre". Josep Buedes, un autre auteur du rapport, a particulièrement insisté sur le fait que "l'Intérieur ne nous donne pas les informations que nous demandons".

Parallèlement, l'aumônier du CIE Barranco Seco de Las Palmas, Antonio Viera, rappelle un message du pape François à l'occasion de la Journée mondiale de la paix en 2016 : " Je voudrais vous inviter à revoir la législation sur les migrants, afin qu'elle soit inspirée par la volonté d'accueillir, par le respect des devoirs et des responsabilités réciproques, et qu'elle puisse faciliter l'intégration des migrants ".

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