Vocations

Accompagner les mariés. Enseigner et construire l'amour

Saint Jean-Paul II attachait une grande importance aux fréquentations chrétiennes, comprises comme une préparation au sacrement du mariage, et il a eu de nombreuses occasions de parler de la formation des couples fiancés.

Santiago Populín tel-12 octobre 2024-Temps de lecture : 8 minutes
Les mariés

(Unsplash / Everton Vila)

Le pontificat de saint Jean-Paul II, dans ses réflexions sur la famille, a accordé une grande importance aux fréquentations chrétiennes, comprises comme une préparation au sacrement du mariage et à la vie familiale : "Vous devez vous préparer à l'engagement merveilleux du mariage et à la fondation de la famille, l'union la plus importante de la communauté chrétienne. Comme les jeunes Vous, chrétiens, devez vous préparer soigneusement à devenir de bons époux et de bons pères de famille" (Saint Jean-Paul II, Rencontre avec les nouvelles générations, Ouganda, 6 février 1993).

Le pape polonais a tenu à accompagner les jeunes parce que, entre autres, la jeunesse est une étape où l'on cherche des réponses aux grandes questions de la vie. Voici ce qu'il a dit un jour en réponse à la signification de la jeunesse : "Qu'est-ce que la jeunesse ? Ce n'est pas seulement une période de la vie correspondant à un certain nombre d'années, mais c'est aussi un temps donné par la Providence à chaque homme, un temps qui lui est donné comme une tâche, pendant lequel il cherche, comme le jeune homme de l'Évangile, la réponse aux questions fondamentales ; non seulement le sens de la vie, mais aussi un projet concret pour commencer à construire sa vie. C'est la caractéristique essentielle de la jeunesse" (Saint Jean-Paul II, "Franchir le seuil de l'espérance").

Il a également expliqué que, dans une société frappée par des tensions et des problèmes causés par le choc de l'individualisme et de l'égoïsme, il est crucial que les parents offrent à leurs enfants une "éducation à l'amour", une "éducation à l'amour", une "éducation à l'amour", une "éducation à l'amour", une "éducation à l'amour", une "éducation à l'amour", une "éducation à l'amour", une "éducation à l'amour", une "éducation à l'amour". éducation sexuelle claire et délicate" (cf. St. Jean-Paul II, "...Familiaris consortio", n. 37). 

Cette préoccupation pour l'éducation des jeunes s'est manifestée dès le début de son travail pastoral, alors qu'il était jeune prêtre : "La vocation à l'amour est naturellement l'élément le plus intimement lié aux jeunes. En tant que prêtre, je m'en suis rendu compte très tôt. J'ai ressenti un appel intérieur dans cette direction. Il faut préparer les jeunes au mariage, il faut leur apprendre l'amour" (Saint Jean-Paul II, "Franchir le seuil de l'espérance"). 

Enseigner et construire l'amour

En 1973, lors d'une rencontre avec des aumôniers universitaires, Karol Wojtyla a déclaré : "L'amour est avant tout une réalité. C'est une réalité spécifique, profonde, interne à la personne. Et en même temps, c'est une réalité interpersonnelle, d'une personne à une autre, communautaire. Et dans chacune de ces dimensions - interne, interpersonnelle, communautaire - elle a sa particularité évangélique. Elle a reçu une lumière" (K. Wojtyla, "Les jeunes et l'amour. Préparation au mariage")). 

De même, le terme "amour" prend une forme plus mature au début de son pontificat. Dans sa première encyclique, Redemptor hominis n. 10, Jean-Paul II a expliqué que "l'homme ne peut pas vivre sans amour. Il reste pour lui-même un être incompréhensible, sa vie est privée de sens si l'amour ne lui est pas révélé, s'il ne rencontre pas l'amour, s'il n'en fait pas l'expérience et ne le fait pas sien, s'il n'y participe pas de façon vivante". D'où viennent ces mots ? Une réponse possible à cette question se trouve dans "Familiaris consortio". n. 11, publié quelques années après "Redemptor hominis" : "Dieu a créé l'homme à son image et à sa ressemblance : l'appelant à l'existence par amour, il l'a appelé en même temps à l'amour. Dieu est amour et vit en lui-même un mystère de communion personnelle d'amour. En la créant à son image et en la maintenant continuellement dans l'être, Dieu inscrit dans l'humanité de l'homme et de la femme la vocation et, par conséquent, la capacité et la responsabilité de l'amour et de la communion. L'amour est donc la vocation fondamentale et innée de tout être humain".

La vocation à l'amour

Ainsi, les deux textes notés, "Redemptor hominis". et "Familiaris consortio" nous montrent la "vocation à l'amour" comme quelque chose de fondamental et d'inné, car ils révèlent que l'amour s'enracine dans le mystère de Dieu. Ainsi, à l'origine de toute vocation se trouve le premier Amour, qui est Dieu, et qui se fonde sur un amour de communion entre les Personnes divines. Ainsi, l'homme et la femme, créés comme "unité des deux", sont appelés à vivre une communion d'amour et donc à refléter dans le monde la communion d'amour qui est donnée en Dieu, "par laquelle les trois Personnes s'aiment dans le mystère intime de l'unique vie divine" (cf. saint Jean-Paul II, "Mulieris dignitatem", 15 août 1988, n. 7).

Ce dernier point est également reflété dans son œuvre "L'atelier de l'orfèvre". Karol Wojtyla y exprime cette vérité par une image : les anneaux des époux sont forgés par l'orfèvre, qui représente Dieu. En d'autres termes, les alliances symbolisent non seulement la décision de rester ensemble, mais aussi que cet amour sera stable parce qu'il est fondé sur le premier Amour, un Amour qui les précède et qui les portera au-delà de leurs espérances. En d'autres termes, soutenus par cet Amour premier, l'homme et la femme pourront rester unis et fidèles (Cf. C. A. Anderson - J. Granados, "Called to Love : Theology of the Body in John Paul II").

Le Pontife a ensuite précisé que, selon la Révélation chrétienne, les deux manières spécifiques de réaliser "intégralement" la vocation de la personne à l'amour sont le mariage et la virginité. Tous deux, dans leur forme caractéristique, manifestent la vérité la plus profonde de l'homme, celle de son "être à l'image de Dieu". C'est pourquoi il a souvent exhorté à prendre au sérieux l'expérience de l'amour, fondée sur le fait d'aimer comme Jésus : "La raison la plus profonde de l'amour chrétien se trouve dans les paroles et l'exemple du Christ : "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés" (Jn 15,12). Cela vaut pour toutes les catégories d'amour humain, cela vaut pour la catégorie de l'amour engagé, de l'amour qui prépare au mariage et à la famille" (Saint Jean-Paul II, Rencontre avec les jeunes de Lombardie, 20 juin 1992).

J'aime le fait que "continue d'être

Saint Jean-Paul II a souligné que si l'on aime l'amour humain, il faut aussi consacrer toutes ses forces à la recherche d'un "bel amour", parce que l'amour est beau et que les jeunes sont toujours à la recherche de la beauté de l'amour, ils veulent que leur amour soit beau (cf. Saint Jean-Paul II, "Franchir le seuil de l'espérance" ; pour Jean-Paul II, le bel amour est, bien avant le début de son pontificat, l'amour chaste (cf. K. Wojtyla, "Amour et responsabilité"). De plus, il explique que, puisque cet amour ne peut être atteint par la seule force humaine, il est nécessaire de découvrir que seul Dieu peut accorder un tel amour. Dieu nous donne ce bel amour en nous donnant son Fils, donc suivre le Christ est le chemin pour trouver ce bel amour (cf. St. Jean-Paul II, Rencontre avec les jeunes de Lombardie, 20 juin 1992).

Mais il ne s'agit pas seulement de rechercher ce bel amour, mais aussi de le construire, car le don de l'amour exige la tâche d'aimer : "L'amour n'est jamais quelque chose de tout fait et simplement "offert" à l'homme ou à la femme, mais il doit être travaillé. Dans une certaine mesure, l'amour n'"est" jamais, mais "devient", à chaque instant, ce que chaque personne lui apporte en fait et selon la profondeur de son engagement" (K. Wojtyla, "Amour et responsabilité").

Les mariés et la chasteté

Pour la construction de l'amour, Jean-Paul II a souligné le caractère fondamental de la chasteté, "vertu qui développe la maturité authentique de la personne et la rend capable de respecter et de promouvoir le "sens sponsal" du corps" (cf. "Familiaris consortio"). n. 37). En d'autres termes, la chasteté développe la maturité personnelle qui se reflète dans la vertu de responsabilité, en reconnaissant l'autre et en répondant, de manière appropriée, au bien qui est en soi.

La chasteté a des répercussions sur l'ensemble de l'homme : en tant qu'âme qui s'exprime dans le corps informé par un esprit immortel, il est appelé à aimer dans cette totalité unifiée ; ainsi, l'amour embrasse également le corps humain et celui-ci devient participant de l'amour spirituel (cf. saint Jean-Paul II, "Familiaris consortio" n. 11.). C'est pourquoi le Pontife a insisté sur la vocation à la chasteté comme un aspect essentiel de la préparation au mariage. Il a également expliqué que la chasteté - qui signifie respecter la dignité des autres, puisque notre corps est le temple de l'Esprit Saint - conduit à la croissance de l'amour pour les autres et pour Dieu, et aide à se préparer au "dévouement mutuel" qui est la base du mariage chrétien (cf. St. Jean-Paul II, Rencontre avec les nouvelles générations, Ouganda, 6 février 1993).

Grâce à ses nombreuses études antérieures, il savait bien pourquoi la chasteté conduit à la croissance de l'amour : "Elle a pour tâche de libérer l'amour de l'attitude de la joie égoïste (...) On pense souvent que la vertu de chasteté a un caractère purement négatif, qui n'est rien d'autre qu'une série de refus. Au contraire, c'est un "oui" dont découlent immédiatement des "non". (...) L'essence de la chasteté consiste à ne pas se laisser "éloigner" de la valeur de la personne (...) La chasteté ne conduit nullement au mépris du corps, mais elle implique une certaine humilité. Le corps humain doit être humble devant la grandeur de la personne, et le corps humain doit être humble devant la grandeur de l'amour" (K. Wojtyla, "Amour et responsabilité").                     

D'autre part, il met en garde contre les paroles creuses de ceux qui ridiculisent la chasteté ou la capacité de maîtrise de soi. En effet, la force de l'amour conjugal futur dépend de la force de l'engagement réel vécu dès les fréquentations, de l'apprentissage de l'amour véritable soutenu dans "une chasteté qui implique de s'abstenir de toute relation sexuelle en dehors du mariage" (cf. saint Jean-Paul II, Rencontre avec les nouvelles générations, Ouganda, 6 février 1993).

L'ordre du cœur

On peut voir comment les enseignements sur la chasteté exposés par saint Jean-Paul II coïncident avec ce qui est établi dans le Catéchisme de l'Église catholique, promulgué par lui : "Les fiancés sont appelés à vivre la chasteté dans la continence. Ils doivent voir dans cette épreuve une découverte du respect mutuel, un apprentissage de la fidélité et l'espérance de se recevoir mutuellement de Dieu. Ils réserveront pour le temps du mariage les manifestations de tendresse propres à l'amour conjugal. Ils s'aideront mutuellement à grandir dans la chasteté" (Catéchisme de l'Église catholique, n. 2350).

Dans ses catéchèses sur l'amour humain, en montrant comment la chasteté est au cœur de la spiritualité conjugale, il affirmait : "La chasteté, c'est vivre dans l'ordre du cœur. Cet ordre permet le développement des "manifestations affectives" dans la proportion et le sens qui leur sont propres" (Saint Jean-Paul II, L'homme et la femme les ont créés, Catéchèse 131, 14 septembre 1984).

Il a ensuite expliqué : "Lorsque Dieu nous a créés, il nous a donné plus d'une façon de 'parler' les uns aux autres. En plus de nous exprimer par des mots, nous nous exprimons aussi par notre corps. Les gestes sont comme des "mots" qui révèlent qui nous sommes. Les actes sexuels sont comme des "mots" qui révèlent notre cœur. Le Seigneur veut que nous utilisions notre sexualité selon son plan. Il attend de nous que nous "parlions" en disant la vérité. Un "langage" sexuel honnête exige un engagement de fidélité tout au long de la vie. Donner son corps à une autre personne signifie tout lui donner. Cependant, si vous n'êtes pas marié, admettez que vous pouvez changer d'avis à l'avenir. Il n'y aurait donc pas de don total de soi. Sans le lien du mariage, les relations sexuelles sont fausses, et pour les chrétiens, le mariage signifie le mariage sacramentel" (cf. saint Jean-Paul II, Rencontre avec les nouvelles générations, Ouganda, 6 février 1993).

Cette dernière remarque de saint Jean-Paul II nous amène à considérer que l'amour a ses expressions affectives et physiques en fonction de l'étape où il se trouve. En ce sens, les fiançailles sont le temps unique et non répétable de la promesse, et non celui de la vie conjugale. Par conséquent, le traitement mutuel dans les fiançailles chrétiennes doit être celui de deux personnes qui s'aiment mais qui ne se sont pas données totalement l'une à l'autre dans le sacrement du mariage. C'est pourquoi les fiancés doivent apprendre à découvrir le sens et l'expérience de la pudeur, ce qui les conduira à être délicats dans leurs rapports et dans leurs manifestations d'affection, en évitant les occasions qui peuvent mettre l'autre dans des situations contraignantes (cf. K. Wojtyla, "Amour et responsabilité").

Décourager le contraire peut conduire à nourrir une intimité impropre - en la déterminant de manière réductrice à la sexualité - qui n'unit pas, mais sépare (cf. S. Jean-Paul II, L'homme et la femme les ont créés, Catéchèse 41, 24 septembre 1980). En outre, ils en viendraient à se considérer l'un l'autre comme un objet qui satisfait leur désir personnel, au lieu de se considérer comme une personne à laquelle l'amour les pousse à se donner (cf. S. Jean-Paul II, L'homme et la femme se sont créés eux-mêmes, Catéchèse 32, 23 juillet 1980). 

Enfin, il convient de souligner que pour parvenir à "vivre dans l'ordre du cœur", il ne faut pas oublier que l'on compte sur la grâce de Dieu pour y parvenir : "Demeurer dans le Christ : voilà l'essentiel pour chacun de vous. Demeurez en lui en écoutant sa voix et en suivant ses préceptes. Ainsi, vous connaîtrez la vérité qui libère, vous trouverez l'Amour qui transforme et sanctifie. En effet, tout acquiert un sens et une valeur nouveaux quand on le considère à la lumière de la personne et de l'enseignement du Rédempteur" (Cf. Rencontre avec les jeunes de Lombardie, 20 juin 1992).

L'auteurSantiago Populín tel

Licence en théologie de l'université de Navarre. Diplôme en théologie spirituelle de l'université de la Sainte-Croix, à Rome.

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