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Le mariage est un "chemin dynamique d'épanouissement" et non un "fardeau", selon le pape

Le Saint-Père a encouragé la présentation du mariage "comme un chemin dynamique de croissance et d'épanouissement" et non "comme un fardeau à porter toute sa vie", lors de son intervention à une conférence internationale organisée par l'Université pontificale grégorienne et l'Institut théologique Jean-Paul II. A la fin, il a critiqué le "retour en arrière" des "figures ecclésiastiques" en matière de morale.

Francisco Otamendi-8 septembre 2022-Temps de lecture : 5 minutes

Texte original de l'article en espagnol ici

Traduit par Peter Damian-Grint

Francisco Otamendi - 14 mai 2022 - Temps de lecture : 5 minutes

Traduit par Peter Damian-Grint

La réflexion et les études se multiplient au cours de ces semaines dans la dernière ligne droite de l'année. Amoris Lætitia Année de la famille, qui doit se conclure par la Rencontre mondiale des familles le 26 juin prochain, à Rome et dans les diocèses, promue par le Dicastère du Vatican pour les laïcs, la famille et la vie, dont le préfet est le cardinal Kevin Joseph Farrell.

Outre la conférence de l'Université grégorienne, qui a bénéficié d'un comité scientifique composé d'experts de douze universités internationales, ce même week-end aura lieu à Barcelone le 1er atelier international sur l'accompagnement familial, organisé par l'Université internationale de Catalogne (UIC), et les 4 et 5 juin prochains se tiendra "Love Talks", un congrès numérique de la Fédération internationale pour le développement de la famille (IFFD), au cours duquel plus de 40 experts de différents pays et spécialités parleront d'affectivité et de sexualité, de relations de couple ou de pornographie.

"Le bateau de la famille

À Rome, le pape François a souligné certaines idées exposées dans l'exhortation apostolique Amoris lætitiaen recevant en audience les organisateurs et les intervenants de la Conférence internationale sur la théologie morale promue par l'Institut Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille et l'Université pontificale grégorienne. Le thème du congrès était "Pratiques pastorales, expérience de vie et théologie morale" : Amoris Lætitia entre les nouvelles opportunités et les nouvelles voies".

Dans son discours d'ouverture, le Saint-Père a remercié le Père Da Silva Gonçalves pour sa contribution, et a salué le Cardinal Farrell, le Cardinal Paglia et Mgr Bordeyne, ainsi que tous ceux qui ont collaboré et participé à la Conférence depuis le monde entier.

Le Pape a rappelé dans son discours que "l'initiative s'inscrit dans le contexte de la Amoris Lætitia Année de la famille, convoquée pour stimuler la compréhension de l'Exhortation apostolique et pour aider à orienter les pratiques pastorales de l'Église, qui veut être plus et mieux dans ses dimensions synodales et missionnaires ", et qu'elle " recueille les fruits des deux Assemblées synodales sur la famille : celle extraordinaire de 2014 et celle ordinaire de 2015 ". Les fruits ont mûri à l'écoute du Peuple de Dieu, composé en grande partie de familles, qui sont le premier lieu où se vivent la foi en Jésus-Christ et l'amour mutuel", a noté François.

"Il est bon que la théologie morale soit nourrie par la riche spiritualité qui germe dans la famille", a ajouté le Saint-Père. " La famille est l'Église domestique (Lumen gentium, 11; Amoris lætitia67) ; en elle, les époux et les enfants sont appelés à coopérer pour vivre le mystère du Christ, par la prière et l'amour, dans le concret de la vie quotidienne et des situations, dans une attention mutuelle capable d'accompagner afin que personne ne soit exclu ou abandonné. N'oublions pas que, par le sacrement du mariage, Jésus est présent dans cette "barque", la barque de la famille".

La famille, "plus éprouvée que jamais".

"Mais la vie familiale est aujourd'hui plus éprouvée que jamais", a souligné le pape. " Tout d'abord, depuis quelque temps, " la famille traverse une crise culturelle profonde, comme toutes les communautés et tous les liens sociaux " (...).Evangelii gaudium, 66). En outre, de nombreuses familles souffrent du manque de travail, de logements décents ou de terres sur lesquelles vivre en paix, à une époque marquée par des changements importants et rapides. Ces difficultés affectent la vie familiale et génèrent des problèmes relationnels. Il y a beaucoup de "situations difficiles et de familles blessées" (Amoris lætitia, 79)."

"La possibilité même de former une famille aujourd'hui est souvent difficile et les jeunes rencontrent de nombreuses difficultés pour se marier et avoir des enfants", a poursuivi le Saint-Père. "En effet, les changements d'époque que nous vivons amènent la théologie morale à relever les défis de notre temps et à parler un langage compréhensible par les interlocuteurs - et pas seulement pour les "initiés" - et donc à aider à "surmonter les adversités et les contrastes" et à favoriser "une nouvelle créativité pour exprimer dans le défi actuel les valeurs qui nous constituent comme peuple dans nos sociétés et dans l'Église, peuple de Dieu"."

"Découvrir le sens de l'amour".

François a souligné dans son discours que "la différence des cultures est une occasion précieuse qui nous aide à comprendre encore mieux combien l'Évangile peut enrichir et purifier l'expérience morale de l'humanité, dans sa pluralité culturelle".

"Nous aiderons ainsi les familles à redécouvrir le sens de l'amour, un mot qui aujourd'hui "apparaît souvent défiguré" (...).Amoris lætitia89), affirme-t-il, parce que l'amour "n'est pas seulement un sentiment", mais le choix dans lequel chacun décide de "faire le bien" [...] en surabondance, sans mesure, sans exiger de récompense, pour le simple fait de donner et de servir" (Amoris lætitia, 94).

Et il a fait l'éloge du combat quotidien des familles en ces termes : "L'expérience concrète des familles est une extraordinaire école de la vie bonne. Je vous invite donc, théologiens moralistes, à poursuivre votre travail rigoureux et précieux, avec une fidélité créative à l'Évangile et à l'expérience des hommes et des femmes de notre temps, en particulier l'expérience vivante des croyants".

" Le sensus fidei fideliumDans la pluralité des cultures, l'Église s'enrichit, de sorte qu'aujourd'hui elle peut être le signe de la miséricorde de Dieu, qui ne se lasse jamais de nous", a noté le Saint-Père à ce stade. "De ce point de vue, vos réflexions s'inscrivent très bien dans le processus synodal actuel : cette Conférence internationale s'y inscrit pleinement et peut y apporter sa contribution originale."

Le pape a également répondu à des points de vue décourageants : "Combien de fois le mariage est-il présenté "comme un fardeau à porter toute la vie" plutôt que "comme un chemin dynamique de croissance et d'épanouissement" (...).Amoris lætitia, 37). Cela ne signifie pas que la morale évangélique renonce à proclamer le don de Dieu. La théologie a une fonction essentielle de compréhension de la foi, mais sa réflexion part de l'expérience vécue et de l'expérience de la vie. sensus fidei fidelium. Ce n'est qu'ainsi que l'intelligence théologique de la foi peut rendre à l'Église son service nécessaire".

Critique du "retour" à la casuistique

Le pape François a introduit à la fin de son discours une idée qui n'était pas inscrite dans le texte initial. Il s'agissait d'une critique de "nombreuses personnalités ecclésiastiques", comme il l'a dit, pour ce qu'il a appelé "les retours en arrière". Ses paroles étaient les suivantes :

"Je voudrais ajouter une chose, qui fait beaucoup de mal à l'Église en ce moment : c'est une sorte de " retour en arrière ", par peur, ou par manque de créativité, ou par manque de courage."

"C'est vrai que nous, les théologiens, même les chrétiens, devons retourner aux racines, c'est vrai. Sans les racines, nous ne pouvons pas faire un seul pas en avant. C'est dans les racines que nous puisons notre inspiration : mais pour aller de l'avant. C'est différent d'un retour en arrière. Revenir en arrière n'est pas chrétien. Au contraire, je pense que c'est l'auteur de la Lettre aux Hébreux qui dit : " Nous ne sommes pas des gens qui reviennent en arrière ". Le chrétien ne peut pas revenir en arrière. Revenir aux racines : oui, pour s'inspirer, pour continuer. Mais reculer, c'est reculer pour avoir un abri, une sécurité, pour éviter le risque d'avancer, le risque chrétien de porter la foi, le risque chrétien de faire le chemin avec Jésus-Christ. Et c'est un risque."

"Aujourd'hui, ce retour en arrière se traduit par de nombreuses figures ecclésiastiques - pas ecclésiales, ecclésiastiques - qui jaillissent comme des champignons un peu partout, et se présentent comme des projets de vie chrétienne. Il y a aussi un retour en arrière dans la théologie morale, avec des projets casuistiques ; et la casuistique que je croyais enterrée vingt pieds plus bas refait surface sous la forme d'un projet - un peu déguisé - de 'jusqu'ici on peut, jusqu'ici on ne peut pas ; à partir de ce point oui, à partir de ce point non'."

"Le vrai thomisme

" Et réduire la théologie morale à la casuistique est le péché de retour en arrière. La casuistique a été dépassée. La casuistique était la nourriture pour moi et ma génération, lorsque nous étudiions la théologie morale. Mais c'est propre au thomisme décadent. Le vrai thomisme est le thomisme de Amoris lætitiacelle que vous pouvez trouver ici, car elle a été bien expliquée au Synode et acceptée par tous. C'est la doctrine vivante de saint Thomas, qui nous fait avancer, en prenant un risque, mais dans l'obéissance. Et ce n'est pas facile. Attention à ce retour en arrière, qui est une tentation actuelle, même pour vous, théologiens moralistes."

Après avoir dit tout cela, le Pape François a ensuite prononcé le dernier paragraphe : " Que la joie de l'amour, qui trouve un témoignage exemplaire dans la famille, devienne le signe efficace de la joie de Dieu, qui est miséricorde, et de la joie de ceux qui reçoivent cette miséricorde comme un don ". La joie. Merci et n'oubliez pas de prier pour moi, car j'en ai besoin. Merci."

L'auteurFrancisco Otamendi

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