Chaque année, la Conférence épiscopale dominicaine (CED) publie deux documents officiels : une lettre pastorale publiée le 21 janvier, à l'occasion de la fête de Notre-Dame d'Altagracia, protectrice du peuple dominicain, adressée à tous les paroissiens, dans laquelle elle aborde le thème biblico-doctrinal et théologico-pastoral de la foi ; et un Message publié le 27 février, jour de l'indépendance nationale, adressé à tous les Dominicains, dans lequel il traite des questions d'intérêt national, proposant et suggérant de sages orientations sociopolitiques à la lumière de la foi et de la doctrine sociale de l'Église. Dans ce bref article, je voudrais présenter les deux documents publiés cette année 2021.
La lettre pastorale
La Lettre pastorale du 21 janvier 2021 a pour titre : "Notre Dame de l'Altagracia, un don de Dieu au peuple dominicain". Il s'agit d'un document qui a deux objectifs clairs : apporter des paroles d'encouragement et d'espoir à notre peuple (face aux diverses souffrances causées, de manière particulière, par les effets de la pandémie de Covid-19) et préparer le cœur des chrétiens catholiques à la célébration du 100e anniversaire du couronnement canonique de Notre-Dame d'Altagracia, qui sera célébré par une année jubilaire commençant, si Dieu le veut, le 15 août 2021 et se terminant le 15 août 2022.
Pour atteindre ces deux objectifs, les évêques rappellent le don que le Seigneur nous a fait dès les origines de notre histoire, dans l'image miraculeuse de Notre-Dame d'Altagracia, tout en mettant en valeur la dévotion mariale des Dominicains. D'autre part, conformément au document d'Aparecida, ils présentent la Vierge comme "modèle de disciple missionnaire et intercesseur en faveur de ses enfants". Enfin, ils nous invitent à renouveler notre foi par une ardente dévotion à notre mère spirituelle, en accueillant comme elle le Royaume de Dieu, tout en confiant l'ensemble du peuple dominicain à sa puissante protection.
Le message pour le mois de la patrie
Le message du 27 février 2021, il l'a intitulé : "Et montrons au monde que nous sommes frères.". Dans ce bref document, les évêques, en tant que bergers de notre peuple, s'inspirent de l'encyclique Fratelli Tuti du pape François, et dans l'un des poèmes du patricien Juan Pablo Duarte, dont ils tirent leur titre, ils tentent de répondre à une question clé : que signifie construire la fraternité sur le sol dominicain aujourd'hui ? Et ils répondent en faisant les déclarations suivantes :
La maison
Tout d'abord, l'esprit fraternel se construit au sein du foyer, mais ils dénoncent le fait que toutes les familles n'ont pas les mêmes possibilités, d'où le devoir de l'Etat de créer les conditions nécessaires pour que toutes les familles puissent se développer sainement dans un environnement stable. Dans ce sens, comme action concrète, ils invitent les universités catholiques à organiser un symposium ouvert afin d'aider à définir une authentique politique familiale adaptée à l'ensemble de la société dominicaine.
Ensuite, face au drame de l'avortement et de la "société du jetable", ils soulignent qu'il n'y a pas de véritable fraternité sans le souci de la vie humaine dans toutes ses étapes et expressions.
Une fraternité universelle
Troisièmement, la construction d'une fraternité universelle. En ce sens, ils encouragent à cultiver un nationalisme sain, c'est-à-dire un sens de la dominicanité qui ne se ferme pas dans un sentiment national exacerbé et fermé à l'égard de l'étranger ou du différent, et encore moins de notre réalité de croyants ; en ce sens, en communion avec le Saint-Père, ils nous encouragent à dépasser la peur qui provoque aujourd'hui la rencontre avec les migrants et les étrangers, et à nous laisser plutôt enrichir et compléter par leurs dons et leurs talents.
Quatrièmement, la corruption rompt avec la fraternité de la nation. Les évêques reconnaissent que les Dominicains, en tant que demande de justice et de revendication de leur dignité personnelle et de celle du peuple, ont progressivement pris conscience de ce fléau. Cependant, ils appellent aussi non seulement à revendiquer leurs justes droits, mais aussi à faire un examen de conscience personnel afin de ne pas tomber dans la mauvaise pratique consistant à ne voir que la tache dans l'œil d'autrui (cf. Mt 7, 3-4).
Montrer que nous sommes frères
Enfin, "...Et montrons au monde que nous sommes frères". Aujourd'hui comme hier, l'indépendance reste une tâche en suspens, "qui doit être patiemment et courageusement menée à bien sur la base du droit de tous les peuples". Cependant, le droit ne suffit pas ; il est nécessaire de susciter des "émotions politiques universalisables" qui servent de moteur à l'engagement politique. En ce sens, notre hymne national reflète ce sentiment dans l'une de ses strophes lorsqu'il dit : "Aucun peuple ne mérite d'être libre s'il est esclave, indolent et servile, si dans son sein ne croît pas la flamme qui tempère l'héroïsme viril". Enfin, nos pasteurs reconnaissent l'esprit d'accueil et de solidarité qui nous caractérise en tant que dominicains, tout en portant un message d'espoir nous exhortant à ne pas perdre la foi au milieu des difficultés et à continuer à "montrer au monde que nous sommes frères".
Évêque auxiliaire de l'archidiocèse de Santo Domingo, République dominicaine