Donner ou donner

Au sein des confréries, la charité se fonde sur la formation doctrinale que la confrérie doit assurer à chaque frère, ce qui conduit inévitablement à donner et à se donner aux autres.

1er février 2022-Temps de lecture : 3 minutes
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Photo : Eren Li /Pexels

Un de mes amis, frère aîné d'une confrérie bien connue, me parlait de la différence qu'il appréciait entre les œuvres de miséricorde corporelles - nourrir, loger, vêtir les nus, visiter les prisonniers,... - et les œuvres spirituelles - instruire, conseiller, consoler, réconforter,... -. La différence était que les corporels se référaient aux donnertandis que les spirituels impliquent se produire.

On pourrait nuancer cette affirmation, mais elle est en général bien raisonnée. Cela n'implique pas que l'une soit au-dessus de l'autre, les deux ont la même valeur ; mais il est vrai que les œuvres de miséricorde corporelles pourraient être exercées, même de manière fallacieuse, sans rectitude d'intention, en incluant des intérêts sans rapport avec l'œuvre elle-même, comme l'obtention d'un allègement fiscal, l'amélioration de son image ou l'apaisement de sa conscience. Les spirituels impliquent un engagement plus important, dans lequel la personne est plus impliquée. Dans tous les cas, ils impliquent tous de regarder les autres, d'être centré sur les autres, de connaître et de répondre à leurs besoins, soit directement, soit par l'intermédiaire d'une entité telle que les confréries.

Il s'agit de donner et de se donner ; mais personne ne donne ce qu'il n'a pas. Pour se donner, il faut se posséder, c'est-à-dire s'accepter comme un être créé par Dieu à son image et à sa ressemblance, ce qui est la vraie nature de l'homme. Cependant, une culture fondée sur le rejet de cette acceptation de soi en tant qu'être créé, avec une nature donnée, et sur les tentatives de se doter d'une nouvelle nature élaborée de sa propre initiative, se répand et prend racine. Toutes ces tentatives adoptent comme support intellectuel la dictature du relativisme, "qui ne reconnaît rien comme définitif et qui ne laisse comme mesure ultime que le moi et ses désirs" (Ratzinger) ; qui nie la possibilité de parvenir à une vérité commune sur laquelle construire la coexistence humaine, et la remplace par ce que chacun établit à chaque instant. Ses approches ne porteront jamais atteinte à la dignité de la personne, car cette dignité est également relative, imputable uniquement à un concept de personne.

 Les manifestations de la détermination de certains à établir leur propre vérité sur l'homme sont nombreuses : la théorie du genre (c'est moi qui décide de mon genre, que je sois né homme ou femme) ; la capacité de décider de sa propre vie (euthanasie, suicide), ou de celle des autres (avortement) ; la déconstruction de la famille (nouvelles formes de regroupements familiaux, éducation des enfants par l'État) ; le droit de chaque minorité identitaire, naturelle ou induite, de voir ses opinions, transformées en droits opposables, admises et protégées de manière à exclure les autres (culture, culture, culture, etc.). réveillé et politique d'annulation), et ainsi de suite.

Au-delà de ces approches, se présente la Charité, qui réside précisément dans ce dépouillement de soi pour laisser Dieu prendre possession de chacun de nous.... ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi... (Galates 2.20)-, donnant plénitude à la personne, qui est invitée par Dieu à faire de sa biographie un acte d'amour continu, une charité continue, un regard permanent sur les autres à partir du Christ.

Cette approche du concept de Charité ouvre aux confréries un champ d'action, et surtout de réflexion, beaucoup plus large que celui de l'assistance sociale, qui passe du statut de fin en soi à celui d'action inévitable de la personne dans l'exercice de son être. La charité se fonde donc sur la formation doctrinale que la fraternité doit assurer à chaque frère, ce qui conduit inévitablement à donner et à se donner aux autres.

L'auteurIgnacio Valduérteles

Doctorat en administration des affaires. Directeur de l'Instituto de Investigación Aplicada a la Pyme. Frère aîné (2017-2020) de la confrérie de la Soledad de San Lorenzo, à Séville. Il a publié plusieurs livres, monographies et articles sur les confréries.

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