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Le Liban ouvre une nouvelle page de stabilité avec une forte immigration syrienne

L'expérience de la guerre civile dans les années 1980 a conduit à des accords qui facilitent la stabilité. Le Liban, qui ne veut pas être entraîné dans la guerre en Syrie, a un nouveau président, le chrétien Michel Aoun.

Ferran Canet-9 de janvier de 2017-Temps de lecture : 5 minutes

Avec le tourbillon d'événements qui se sont déroulés dans le monde ces derniers mois, et en particulier au Moyen-Orient avec la Syrie, la nouvelle que Liban a un nouveau président, Michel Aoun, ouvre une page d'optimisme prudent et de stabilité.

Michel Aoun a été élu avec le soutien de 83 des 128 parlementaires le 31 octobre, mettant ainsi fin à plus de deux ans sans président. La gravité de la situation au Moyen-Orient aurait pu faire craindre que le Liban soit directement entraîné dans le conflit, mais jusqu'à présent, il a réussi à maintenir les problèmes à l'intérieur du pays à un niveau très sporadique.

Cependant, les tensions entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, la guerre en Syrie, le conflit en Irak, et même les problèmes au Yémen ont influencé la situation libanaise, ne serait-ce que parce que le Hezbollah (parti politique et milice) soutient l'Iran dans les différents conflits dans lesquels ce dernier est impliqué.

Dans l'ensemble, le fait que le Liban reste en paix est étonnant. On ne peut pas oublier, par ailleurs, que depuis le début de la guerre syrienne, les Libanais ont vu plus de 1,5 million de Syriens chercher refuge au Liban (avec plus d'un million de réfugiés officiellement enregistrés depuis avril 2014).

Débat sur les colonies de peuplement

Si l'on tient compte du fait que la population locale du Liban est d'environ 4,5 millions d'habitants, on obtient un ratio de réfugiés syriens d'environ 200 pour 1 000 habitants (le plus élevé au monde, trois fois celui de la Jordanie, deuxième pays de ce triste classement). Il faut ajouter à cela quelque 450 000 Palestiniens.

Certains experts ont donné des indices sur la capacité d'accueil du Liban. Par exemple, le pays a pour tradition de ne pas enfermer les réfugiés dans des camps, en partie à cause d'une longue histoire de relations de travail. Depuis les années 1990, de nombreux Syriens sont venus travailler au Liban, ce qui a facilité une certaine intégration.

La politique consistant à ne pas accueillir de personnes dans les camps de réfugiés est due à des raisons de sécurité, explique Tamirace Fakhoury, professeur de sciences politiques à l'université. Le gouvernement craint que les camps ne deviennent des sanctuaires pour le terrorisme, bien que cela soit sujet à débat. Il existe quelques établissements informels dans la zone frontalière. Y HCR (l'agence des Nations unies pour les réfugiés), et certaines ONG estiment que les camps qu'elles gèrent offriraient de meilleures conditions de vie aux réfugiés syriens.

En réalité, le Liban n'a pas la capacité d'intégrer pleinement un si grand nombre de réfugiés, et est vraiment débordé, il y a donc des restrictions. En outre, les municipalités se plaignent souvent de l'absence de politique nationale cohérente et formulent leurs propres règles.

Les experts notent également qu'une réponse mieux coordonnée avec l'Europe dans l'analyse des voies légales de ces flux migratoires serait la bienvenue. Une approche de gouvernance juridique est nécessaire pour faire face à une crise migratoire telle que celle provoquée par la Syrie.

La stabilité au Liban

Si les données ci-dessus n'étaient pas suffisantes pour décrire une situation potentiellement explosive, un rappel historique l'est peut-être. Jusqu'en 2005, les troupes syriennes ont occupé le Liban, étant entrées dans le pays au début de la guerre civile libanaise (en 1976) sous mandat de la Ligue arabe. Pendant près de trente ans, de nombreux Libanais ont considéré les soldats syriens comme des envahisseurs, et le gouvernement de Damas comme responsable de toutes sortes d'abus et de meurtres.

Néanmoins, la situation sociale n'est pas aussi tendue qu'on pourrait l'imaginer. Même s'il est vrai qu'une partie de la population ne se réjouit pas de la présence de tant de réfugiés. Principalement par crainte que la situation ne s'éternise pendant des années, ce qui perturberait l'équilibre déjà instable entre les différents groupes sociaux, façonné par l'appartenance religieuse.

Droit électoral

Depuis quelques années, il est question de modifier la loi électorale pour l'adapter à une situation démographique différente de celle qui prévalait lors de l'élaboration de la loi actuelle (1960). Toutefois, cette réforme est lente et compliquée, et il ne semble pas que la solution sera trouvée dans les mois à venir, avant les prochaines élections législatives (qui auraient dû avoir lieu en 2013, mais ont été reportées deux fois, et devraient maintenant avoir lieu en mai 2017).

Pour comprendre pourquoi le pays n'a pas été entraîné dans le problème syrien, il faut tenir compte d'un facteur en particulier. L'expérience de la guerre civile des années 1980 signifie que, face à une situation réellement tendue, les dirigeants du pays s'efforcent de conclure des accords qui empêchent le feu de s'enflammer et de tout engloutir. Un autre élément important est que 40% de la population libanaise est chrétienne, de sorte que le conflit sunnite-chiite (Arabie Saoudite-Iran) trouve un intermédiaire important, qui est absent dans d'autres pays de la région.

Les chrétiens, essentiels à la stabilité

Le Liban est une exception au Moyen-Orient pour plusieurs raisons, mais l'une des principales est que les chrétiens ne sont pas seulement une petite minorité, ni simplement tolérés ou reconnus, mais qu'ils constituent une partie essentielle du tissu social et du jeu politique.

A l'heure où l'on assiste à la réduction presque totale de la présence des chrétiens en Irak, et maintenant en Syrie, le Liban insiste sur sa volonté d'être un exemple de coexistence (pas parfaite, certes, mais bien meilleure qu'on ne le pense) pour toute la région.

Le dernier voyage de Benoît XVI avant sa démission s'est précisément déroulé au Liban, et ce fut l'occasion pour les Libanais de se vanter de cette capacité à vivre ensemble et à accueillir.

Toutefois, les défis actuels pourraient dépasser les seules capacités du Liban. La critique de la gestion de la situation par les puissances occidentales n'est donc pas rare, et notamment de l'indifférence avec laquelle elles ont réagi à la disparition rapide des chrétiens de la région (si elle n'a pas été directement provoquée).

La voix du patriarche Liban

Le Cardinal Bechara Raï, Patriarche d'Antioche et Métropolite de l'Eglise Maronite, a été l'une des voix qui n'ont cessé d'appeler à une attitude responsable de la part des politiciens, à mettre de côté les intérêts personnels, partisans et politiques. communautépour servir le pays tout entier et tous ses citoyens.

Mais leurs efforts ont jusqu'à présent eu peu d'effet. La réconciliation entre le général Michel Aoun et Samir Geagea est peut-être la plus remarquable. Ce sont deux des plus importants leaders chrétiens, qui se sont affrontés durant les dernières années de la guerre civile, écrivant ainsi l'une des pages les plus tristes de l'histoire du Liban. Mais leur réconciliation a été la clé de l'ascension du général Aoun à la présidence.

Cependant, au-delà de quelques faits, le sentiment demeure que les décisions importantes du pays sont prises principalement en considération des avantages économiques que les politiciens peuvent obtenir, ou des intérêts des pays qui soutiennent ces politiciens.

Une nouvelle page a été tournée, bien que les mots, pour l'instant, soient les mêmes, et que le fil narratif n'ait pas beaucoup changé non plus. Les mêmes noms de famille, les mêmes familles, dominent le monde politique et économique, et le citoyen qui n'est pas de la même famille que lui ne peut pas être considéré comme un citoyen de l'Union européenne. aligné Sans aucune de ces familles, il faut, pour l'instant, continuer à attendre.

L'auteurFerran Canet

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