Vatican

De quoi sera-t-il question lors du Consistoire des cardinaux les 29 et 30 août ?

Une importante réunion des cardinaux, un consistoire extraordinaire, aura lieu les 29 et 30 août. Nous passons en revue les questions à traiter et la composition du Collège des Cardinaux.

Andrea Gagliarducci-28 août 2022-Temps de lecture : 5 minutes

Photo : Cérémonie pour la création de nouveaux cardinaux en 2019. ©CNS/Paul Haring

Le consistoire extraordinaire qui se tiendra les 29 et 30 août sera le premier du genre convoqué par le pape François depuis 2015. Auparavant, il était d'usage qu'une fois les cardinaux convoqués à Rome pour la réunion de l'Assemblée générale de l'Union européenne, ils se réunissent à nouveau. la création des nouveaux bonnets rougesLes cardinaux profiteront également de l'occasion pour tenir un consistoire extraordinaire, c'est-à-dire une réunion de tous les cardinaux sur des sujets d'intérêt commun.

Le pape François avait maintenu cette pratique pour le Consistoire de 2014 et 2015. En 2014, le thème était la famille, a vu le rapport du cardinal Walter Kasper et a introduit le grand débat sur le sujet du Synode spécial sur la famille. En 2015, le thème était plutôt la réforme de la Curie, et a vu plusieurs rapports des cardinaux impliqués dans la réforme, ainsi qu'un large débat.

Après le Consistoire de 2015, le pape François a convoqué des cardinaux du monde entier pour la création de nouvelles barrettes rouges en 2016, 2017, 2018, 2019 et 2020. Cinq autres consistoires, cependant, n'ont pas tenu d'assemblée générale par la suite. Entre-temps, les travaux sur la réforme de la Curie se sont poursuivis et ont été achevés. Et dans le même temps, le Collège des Cardinaux était profondément modifié.

Aujourd'hui, le pape François reprend cette coutume du consistoire extraordinaire, mais tout a changé. En commençant par le visage même du Collège des Cardinaux. Voyons comment.

Changements dans le Collège des Cardinaux

Lors du Consistoire de 2015, le pape François avait créé 15 cardinaux électeurs et 5 non-électeurs. Lors des consistoires suivants, il a créé 73 autres cardinaux, dont 48 électeurs. Le visage du Collège des Cardinaux a profondément changé ces dernières années, mais les cardinaux ne se connaissaient pas.

Après le consistoire d'août, il y aura 132 cardinaux électeurs, soit 12 de plus que la limite de 120 fixée par Paul VI. À la fin de l'année 2022, six autres cardinaux auront 80 ans, perdant ainsi leur droit de vote au conclave. Au total, le pape François aura créé 82 des 126 cardinaux. Cela signifie que, dans un éventuel conclave, les cardinaux créés par le pape François seront un peu plus de 65%. Le quorum pour l'élection d'un pape est de deux tiers, c'est-à-dire 84 cardinaux. Les cardinaux créés par le pape François ne seront donc que deux de moins que le quota nécessaire pour élire un successeur à la fin de 2022.

Comme on peut le constater, le Collège des Cardinaux a profondément changé. Le débat sur la réforme de la Curie servira avant tout à permettre aux cardinaux de se connaître et de savoir où ils en sont sur certaines questions. Le Consistoire extraordinaire des 29 et 30 août devrait également être organisé à cette fin.

Modalités de consistance

Cependant, le Consistoire extraordinaire sera profondément différent de ce à quoi nous avons été habitués jusqu'à présent. Il n'y a pas de documents, pas de rapports, et seul un débat ouvert est prévu pour la matinée du 30 août. Tous les cardinaux ont reçu un rapport sur la réforme de la Curie, rédigé par Mgr Marco Mellino, secrétaire du Conseil des cardinaux, et déjà publié dans L'Osservatore Romano, ainsi que présenté lors de la dernière réunion interdicastérielle.

Dans son rapport de 11 pages, Mgr Mellino s'attarde sur certains aspects particuliers de la réforme. Parmi les détails intéressants, il y a le fait que le texte de la "...".Praedicate EvangeliumLa "Constitution apostolique" - comme on l'appelle - qui réglemente les compétences et les tâches des bureaux de la Curie à partir de juin 2022, est fermement dans les mains du Pape depuis 2020, et que par conséquent toute modification ultérieure doit être attribuée au Saint-Père seul, dans son rôle de législateur suprême.

Il y a ensuite la question du rôle des laïcs, qui peuvent désormais - comme nous le savons - devenir chefs des dicastères de la Curie romaine. Mellino interprète donc le canon qui prévoit la coopération des laïcs au pouvoir des ministres ordonnés comme un "avoir part" de ce même pouvoir, comprenant qu'il y a des tâches et des prérogatives qui ne peuvent concerner que les ministres ordonnés.

Mellino explique également l'accent mis sur le thème de l'évangélisation, ainsi que sur celui de la Charité. C'est pourquoi il a été décidé de transformer l'Almonerate Apostolique en un véritable dicastère de la Curie Romaine.

Le texte n'est toutefois qu'une introduction, et de nombreux cardinaux préparent déjà leurs commentaires. D'une manière générale, d'après ce que l'on peut déduire de diverses conversations, les cardinaux se concentrent sur la substance plutôt que sur la fonctionnalité. La question n'est plus de savoir comment la Curie est organisée, mais si cette organisation peut réellement soutenir l'évangélisation. Y aura-t-il de la place pour un débat sur cette question ?

Différences avec la dernière session extraordinaire

Tout reste à voir. En 2015, 164 cardinaux du monde entier ont participé au Consistoire. Il y a eu un premier rapport détaillé sur les questions économiques, avec des rapports du cardinal George Pell, alors préfet du Secrétariat pour l'économie ; du cardinal Reinhard Marx, président du Conseil pour l'économie ; de Joseph F.X : Zahra, vice-président du Conseil pour l'économie ; et de Jean-Baptise de Franssu, président du Conseil de surintendance de l'IOR.

Puis, le jour suivant, il y a eu un rapport du Conseil des cardinaux (alors C9) sur la réforme de la Curie. Le cardinal Sean O'Malley a ensuite parlé de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, qui vient d'être mise en place.

Cette fois, en dehors du rapport de Mgr Mellino, aucun autre rapport n'est prévu. Au lieu de cela, les cardinaux seront appelés à se diviser en groupes linguistiques, chaque groupe ayant un modérateur, et c'est seulement dans ces petits groupes que la discussion aura lieu. Un peu comme ce qui se passe au Synode, après tout.

Lors du débat du matin du 30 août, les modérateurs présenteront les conclusions des groupes et il y aura un espace de discussion. Mais cela restera un débat de durée limitée. Dans l'après-midi, la messe du pape avec les nouveaux cardinaux conclura les trois jours de nominations.

Pour apprendre à se connaître, les cardinaux auront deux déjeuners et deux dîners ensemble, ainsi que des discussions en marge de la réunion. Ils discuteront de la réforme de la Curie, mais en étant conscients que cette réforme est déjà une réalité et qu'elle est déjà structurée : elle ne peut pas être modifiée, ou du moins pas de manière substantielle.

Un nouveau type de consistoire ?

Il s'agit certainement d'une rupture nette avec la tradition des consistoires. Les consistoires étaient particulièrement importants au Moyen Âge en tant qu'organe de gouvernement, et servaient également de cour de justice. Le pape Innocent III alla jusqu'à convoquer trois réunions des cardinaux par semaine.

Après la réforme de la Curie par Sixte V au XVIe siècle, les consistoires perdent leur poids de gouvernement. Les cardinaux assistaient le pape dans le gouvernement de l'Église par leur travail dans les congrégations du Vatican, tandis que les consistoires étaient convoqués pour donner une solennité à certains moments importants de l'Église.

Il faut dire que le consistoire a acquis une importance renouvelée après le Concile Vatican II. Le père Gianfranco Grieco, historien du Vatican pour L'Osservatore Romano, dans son livre "Paul VI. Ho visto, ho creduto" ("J'ai vu, j'ai cru"), a raconté comment le Pape Montini a toujours voulu que les cardinaux réunis au consistoire l'attendent à son retour d'un voyage international, afin d'échanger avec eux les premières opinions du voyage.

Jean-Paul II a convoqué six consistoires extraordinaires au cours de son pontificat, traitant de divers sujets tels que le renouvellement de la Curie, l'Église et la culture, la situation financière, le Jubilé, les menaces contre la vie, le défi des sectes.

Benoît XVI avait également l'habitude de faire précéder les consistoires pour la création de nouveaux cardinaux de moments d'échange. Il reste à voir si ce nouveau format souhaité par le pape François n'est qu'une façon extraordinaire d'organiser les consistoires ou s'il sera formalisé comme une nouvelle modalité. Certes, le prochain consistoire extraordinaire a sa propre particularité dont il faut tenir compte.

L'auteurAndrea Gagliarducci

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